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A propos du projet de loi #MaSanté2022

Dimanche dernier, Thomas Mesnier (député et urgentiste) a envoyé ce tweet avec une quinzaine de Twittos en copie :

Le texte intégral est disponible ici. Je vous préviens, c’est un peu longuet à lire, et comme toujours dans ces textes, les diptères n’en sortent pas indemnes. Mais allons-y pour une lecture (courte) avec avis (court, mais pas trop).

J’avais déjà donné un premier avis ici… [Spoiler, il n’a pas trop changé depuis…]

Déjà, on peut se poser la question de l’intérêt d’une procédure accélérée pour réformer le système de santé. Je n’y connais pas grand-chose en législation, mais quand on commence un texte par « ça date des Trente Glorieuses » + « franchement on s’en sort pas si mal à l’heure actuelle », je ne comprends pas bien l’intérêt d’une procédure diminuant les discussions parlementaires. La même question va se retrouver plusieurs fois dans le texte avec la mention des « voies d’ordonnance ».

Je note une phrase très intéressante dans l’introduction :

Il convient de partir des besoins des patients et des professionnels de santé, qui sont les meilleurs experts de leur situation.

Article 1er : La suppression du numerus clausus

Alors quand je parlais de souffrance diptérienne, je pensais déjà à cet article qui « rénove le mode d’accès aux études [de santé] en supprimant le numerus clausus (…) L’ensemble du processus demeurera exigeant et sélectif (…) le nombre d’étudiants formés dans les études de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique sera déterminé dans le cadre de modalités de régulation profondément réformées, tenant compte des capacités de formation et des besoins du système de santé, et reposant sur une concertation étroite entre les universités et les agences régionales de santé. »

En latin, Numerus Clausus, ça veut dire « Nombre fermé (d’étudiants admis) ». Donc dire « on va arrêter de fermer le nombre d’étudiants au niveau ministériel pour le fermer au niveau des ARS, antennes régionales du ministère de la santé », c’est au mieux étrange (est-ce qu’avant le ministère ne tenait pas compte des avis de l’ARS ?)

Article 2 : la suppression des ECN

Après un constat sur un deuxième orienté vers la préparation des ECN (vrai) au détriment de compétences cliniques et relationnelles (vrai), le projet de loi annonce d’un « nouveau système [qui] permettra l’admission des étudiants ayant satisfait à la réussite d’épreuves permettant d’évaluer les compétences et connaissances acquises (…), ainsi que leur parcours de formation et leur projet professionnel. »

Donc comme déjà dit dans mon premier avis, on remplace des épreuves classantes nationales par des épreuves qui seront à la fois classantes, mais également probablement nationales (comme on supprime le numerus clausus pour le remplacer par un nombre, mais fermé).
En partant d’un excellent objectif (juger sur les compétences cliniques), on ajoute de la désanonymisation : on diminue ainsi encore le semblant d’égalité qu’il y avait dans les ECN, en ajoutant des notions vagues comme « le parcours de formation » (un master 1 ? un master 2 ? une thèse de science ?) et le « projet professionnel » (une lettre de motivation suffira t-elle ou faudra t-il un engagement d’installation en zone sous-dotée ?). Et diminuer l’égalité, c’est vraiment très moche.

Article 3 : recertification des compétences 

Le Gouvernement va pouvoir, « par voie d’ordonnances » (ils ont un problème avec le Parlement ?) prendre des mesures de re-certification. C’est un beau projet.
J’ai un peu de mal à savoir qui va recertifier les compétences des généralistes par exemple ; et qui recertifiera les compétences des re-certifieurs… Par ailleurs, à cause du NC et de son évolution dans les années 80-90 (et uniquement à cause de lui), on se retrouve en période un peu creuse, démographiquement parlant ; on peut donc se demander si c’est le bon moment pour lancer des vagues de recertification ?

En pratique, en 2019, les professionnels de santé disposent d’une enveloppe annuelle permettant de suivre 1 à 3 formations de « développement professionnel continu » (DPC) (enveloppe de 173 M€ dont 90M€ pour les médecins). Ça paie la formation et dédommage de l’absence au cabinet. Il y a plus de 15 000 formations existantes. Sur les 220 000 médecins en France, environ 51 000 suivent au moins une formation (25 %). Malgré cela, en septembre, l’enveloppe nationale est grillée.
Je sais que ça n’est pas ça, la recertification… mais si on n’arrive pas à donner les moyens nécessaires pour continuer à former plus de 25 % des médecins, vouloir ajouter une couche au gâteau me semble faire preuve d’une folle assurance.

Article 4 : le CESP étendu 

Je ne maîtrise pas assez le sujet, je ne commente pas.

Article 5 : médecin adjoint

Un interne en médecine va pouvoir être promu médecin adjoint en cas d’afflux saisonnier ou exceptionnel (normalement réservé aux zones touristiques, ce dispositif sera étendu dans les zones avec difficultés d’accès aux soins).

Là encore, je ne maîtrise pas assez le sujet, je ne commente pas (j’imagine juste que c’est réservé aux internes ayant les pré-requis nécessaires pour remplacer).

Article 6 : statut de PH

Là encore, « par voie d’ordonnances », le Gouvernement va pouvoir créer un statut unique de PH et supprimer le concours, pour « renforcer l’attractivité de l’exercice ».
Je comprends l’idée de supprimer un concours qui n’en est pas vraiment un, mais je ne suis pas sûr qu’un des principaux messages des médecins soit « oh là là, il faut supprimer ce (pseudo) concours de PH, c’est vraiment un besoin ». Parce que je rappelle :

Il convient de partir des besoins des patients et des professionnels de santé, qui sont les meilleurs experts de leur situation.

Article 7 : Projet territorial de santé

Pour « décloisonner ville – hôpital – médico-social », « les projets territoriaux de santé (PTS) des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont soumis à l’approbation du directeur général de l’agence régionale de santé afin d’assurer leur coordination avec les autres acteurs du système de santé« .

Et donc, je rappelle encore :

Il convient de partir des besoins des patients et des professionnels de santé, qui sont les meilleurs experts de leur situation.

J’en déduis que des professionnels de santé ont donc dit quelque part : « huuuum, on aimerait beaucoup s’organiser en CPTS, préparer des réunions, rédiger des dossiers que le DG de l’ARS devra approuver, pour qu’on puisse continuer à faire ce qu’on faisait avant, mais de façon supervisée par cet administratif à 150 km de chez nous avec un délai de traitement des dossiers de l’ordre du trimestre, et avec moins de temps à cause de celui perdu dans des réunions pour rédiger ces dossiers, et aussi redonnez-nous un peu de cyanure s’il vous plait ».

Il y a des dizaines de choses à envisager pour ces CPTS : sur le principe, c’est intellectuellement intéressant. Mais quand le seul truc mis dans ce projet c’est « tout projet devra être approuvé par le DG de l’ARS », j’ai l’impression d’une mauvaise blague.

Faisons simple : on a une pénurie de boulangers ; pour améliorer la qualité de la boulangerie en France, le ministère des boulangers dit « vous allez vous réunir et chaque groupement pourra ainsi mieux répondre aux attentes locales, parce qu’on sent que c’est une grosse attente des gens ça (les gens ne veulent pas seulement du pain, ils veulent que les boulangers se coordonnent, c’est bien connu) ».
Bon.
A ce stade, les boulangers devraient déjà dire « euh on a pas le temps, on doit faire du pain », ce qui est légitime. Mais si en plus le seul truc que le ministère des boulangers met dans la loi c’est « le contenu de vos réunions devra parvenir à l’antenne régionale du ministère de la boulangerie qui décidera si ce que vous, boulangers locaux d’un territoire X, jugez pertinent, ça l’est vraiment (on vous connait les loustics, toujours prêts à faire des réunions pour des trucs inutiles) », normalement ça devrait passer moyen dans le milieu du petit pain au chocolat.

Enfin, rappelons que quand on parle de décloisonnement, on a toujours l’impression que c’est la ville qui doit se décloisonner (maisons de santé pluriprofessionnelles, CPTS…) pour se rapprocher de la structure hospitalière. On a parfois l’impression que l’hôpital est le modèle de soin… mais la réalité c’est que la plus grande partie de la médecine se fait dans nos petits cabinets avec un(e) médecin, un(e) patient(e), un ordinateur, une box, un téléphone. Les soins se font par des infirmiers, kinés, auxiliaires de vie et autres professionnels de santé qui s’organisent en tournées et joignables sur leurs portables directement. Notre modèle de santé, sa performance et son efficience actuelle, viennent essentiellement de là : ça n’est pas très sexy, mais deal with it.

En 2019, les médecins généralistes représentent 45 % des 226 000 médecins en activité. L’hôpital, aussi indispensable et salvateur soit-il (on fait trop peu de réanimation néonatale en médecine générale, c’est vrai – et tant mieux), est relativement rare dans un parcours de soin… donc, si on veut « re-re-re-re-placer le patient au centre du système de santé », c’est l’hôpital qui doit s’adapter aux libéraux et non les libéraux qui doivent imiter l’hôpital.

Articles 8 et 9 : la gouvernance des hôpitaux de proximité / les autorisations des activités de soins et équipements matériels lourds.

Le Gouvernement peut prendre par « voie d’ordonnances » (bis repetita) des mesures pour « redéfinir les missions et les modalités de gouvernance des hôpitaux de proximité (avec objectif de labellisation dès 2020) » et pour « autoris[er] des activités de soins et des équipements matériels lourds ».

Le but semble être de mieux grader les soins premiers (Doctissimo), secondaires (pharmacie), tertiaires (médecin généraliste), quaternaires (hôpitaux de proximité), quinquénaires (hôpitaux un peu éloignés mais de niveau supérieur, mais pas des CHU), sexténaires (CHU), septénaires (CHU, mais à Paris), octénaires (naturopathe, ostéopathe, acupuncteur, tante Germaine, concierge, etc.). Blague à part, je ne maîtrise pas bien ces articles, je ne commente pas.

Article 10 : renfoncement de l’intégration au sein des groupements hospitaliers de territoire (GHT) 

Là non plus, pas de vrai commentaire sur le GHT, qui est hospitalier et que je ne maîtrise pas. L’article ouvre la possibilité de « mutualiser la compétence de gestion des ressources humaines, de la trésorerie » et de « signer un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’ARS » (ce contrat sent tellement la pomme de Blanche-Neige !)

Vu de loin, le GHT, ça a l’air d’ennuyer administratifs et médecins… Bon après, c’est peut-être pas vraiment les meilleurs experts de leur situation non plus.

Article 11 : la plateforme des données de santé (PDS)

La PDS va se substituer à l’institut national des données de santé. Bon, là, je suis partagé évidemment.
Mon moi « méfiant » qui se retrouve plusieurs fois par an avec des courriers d’assureurs véreux prêts à toute tentative filloniste pour ne pas rendre l’argent se dit « euh, une liste nationale qui permet d’identifier les patients avec des ALD ou des traitements permettant d’identifier tous les patients avec un VIH, un cancer… c’est un peu chaud quand même, ça a vraiment intérêt à être bien blindé, parce qu’on parle de secret médical ici. »

Mon moi « chercheur » (avec les guillemets hein) se dit « trop cool, une base qui va nous permettre de faire des études super cool – même si elle sera probablement très difficile d’accès et que je n’y toucherai jamais de ma vie ». Je pense que c’est l’évolution utile et nécessaire des données de santé ; on voit quand même que les grosses bases de données (PMSI, EGB, SNIIRAM…) n’ont pas été utilisées à mauvais escient à l’heure actuelle, donc pas de raison que ça ne dure pas. 

Article 12 : espace numérique de santé 

D’ici le 1er janvier 2022, chaque usager pourra « ouvrir son espace numérique de santé » afin d’accéder « à son DMP, des outils numériques pour échanger avec les professionnels et établissements de santé… », puis « le fermer à tout moment et détruire les données y figurant ». 

Nous sommes nombreux à avoir parlé du DMP actuel, qui est une usine à gaz coûteuse inadaptée (pour faire simple), notamment parce qu’elle a eu le défaut d’oublier de partir des besoins des patients et des professionnels de santé, qui sont les meilleurs experts de leur situation (rappelons-le). Le projet d’un DMP informatisé, c’est un objectif évident pour améliorer la qualité des soins : si on pouvait faire un reboot de la santé française, il faudrait partir là-dessus. Mais on a tous des logiciels différents, en ville, à l’hôpital… dans des EHPAD voisines de 10 km, je compte déjà 4 logiciels différents. En 2019 on n’a même pas de carnet de vaccination informatisé pour tous. Et on file les clés de la prise de rendez-vous hospitalière à DocToLib (avec toutes les données que ça comporte)… 

Ouvrir un espace numérique de santé, c’est cool. Si c’est vide, c’est le l’argent gâché. Mettez-le ailleurs. Merci. 

Article 13 : le télésoin

Le télésoin sera la pratique à distance de consultations entre un patient et un pharmacien ou auxiliaire médical (orthoptie, orthophonie) : par exemple sont cités l’accompagnement des effets secondaires de chimiothérapies orales par des infirmières, des séances d’orthophonie à distance, des séances d’orthoptie à distance… 

Je ne commente pas, ça n’est pas mon domaine. 

Article 14 : la prescription dématérialisée

Le Gouvernement, par les classiques « voies d’ordonnances », pourra prendre « des mesures pour encourager le développement de l’e-prescription pour diminuer les incompatibilités et interactions, en gagnant du temps et de la coordination entre professionnels de santé ». 

Plein de choses à dire là-dessus. « Prendre des mesures pour encourager », ça veut clairement dire « du bonus sous forme d’argent » ; ils ont déjà visiblement des idées assez claires sur le sujet.
L’e-prescription est déjà trèèèèès utilisée (et financièrement encouragée dans la ROSP), les incompatibilités et interactions sont déjà soulignées et régulièrement ignorées (parce que trop fréquentes).
Je crois que ça n’est pas spécialement une demande des médecins pour « un gain en termes de temps » (ils préfèrent cliquer sur « imprimer » que faire 30 manoeuvres informatiques pour valider l’envoi d’une ordonnance sur une plateforme qui n’existe pas encore par exemple).
Je ne crois pas non plus que ça soit un gain de temps pour les pharmaciens, encore que ça pourrait leur permettre de préparer l’ordonnance en amont (mais bon, le temps de préparation reste le même, avec le patient qui poireaute ou pas…).
M’est avis que ça n’est pas non plus une demande des patients (qui sont bien contents de pouvoir se faire dépanner d’une boîte en avance de temps en temps…)
Quant à la coordination, il existe depuis 1876 une invention hyper pratique qu’on nomme assez communément « téléphone » et – ça peut sembler flou -, il arrive plusieurs fois par semaine que les médecins et pharmaciens se « décloisonnent par voie téléphonique ». Le projet censé « décloisonner » les gens va donc probablement remplacer à terme un contact téléphonique par une alerte sur un logiciel de partage d’ordonnances, qu’on consultera chaque jour comme on consulte nos résultats biologiques : je trouve ça cocasse ^^ 

Bref, oui, c’est moderne, c’est écologique et économique en papier et encre, ça évite les pertes d’ordonnance, ça permet de mieux suivre l’observance et le nombre de boîtes délivrées, ça permettra sans doute d’éditer plus facilement une ordonnance si besoin. Perso, j’aime bien l’idée, mais ça n’est pas la peine de nous enfumer avec des histoires de « gain de temps et coordination ». 

Article 15 : abrogation de dispositions obsolètes

Cet article abroge 4 dispositions inappliquées ou obsolètes. Ok. 

Article 16 : sécurisation et simplification du cadre financier et comptable des établissements de santé

Cet article va « assouplir les règles de comptabilité devant être adoptées par les établissements de santé ».

Je ne maîtrise pas.

Article 17 : création d’une surveillance nationale des IVG par les bases de données numériques

Les bulletins statistiques remplis manuellement par les centres d’IVG (et professionnels de santé) sera remplacé par le suivi dans les grandes bases de données. C’est logique ; probablement qu’on perd un peu d’informations, mais qu’on en gagne d’autres. 

Article 18 : 5 mesures de simplification pou les établissements de santé

Je ne maîtrise pas, ça parle de difficultés sous contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens, les opérations de transformations, le périmètre de captage des eaux, les compétences « des agences régionales de santé et des responsables de piscines » (sur le même plan, mais WTF ?!), et le code communautaire relatif aux médicaments vétérinaires.

Article 19 : simplification et harmonisation 

Par voie d’ordonnances (…), le Gouvernement va pouvoir : 

  • simplifier les modalités d’exercice des missions des ARS, la modification de leur organisation et leur fonctionnement,
  • favoriser le développement de l’exercice coordonné par des CPTS et des maisons de santé pluri-professionnelles (MSP),
  • créer l’ARS de Mayotte et l’ARS de La Réunion, à la place d’une seule grande ARS Océan Indien

Article 20 : renforcer la préparation aux situations sanitaires exceptionnelles 

Je ne maîtrise pas… 

Article 21 : rénover les modalités de recrutement des praticiens à diplôme étranger hors UE (PADHUE)

Idem. 

Article 22 : permettre le développement des activités de la HAS à Wallis-et-Futuna et à l’international

Idem. 

Article 23 : ratification de 30 ordonnances de modernisation du système de santé.

 

Idem.

 

Et voilà. 

Je ne sais pas si vous vous souvenez mais j’avais relevé une phrase intéressante dans l’introduction : 

Il convient de partir des besoins des patients et des professionnels de santé, qui sont les meilleurs experts de leur situation.

Visiblement donc, les patients ont besoin d’ouvrir un dossier informatisé et ne plus avoir d’ordonnances au format papier. Les médecins ont besoin de faire des réunions entre professionnels d’un même territoire et faire valider tout ça par l’ARS. 

Si ce projet de loi est ce que le Gouvernement a entendu des besoins des uns et des autres, je crois qu’il y a des diagnostics gratuits et rapides chez Amplifon. Remarquez, c’est dommage, parce que les appareillages ne sont pas remboursés… ça c’est une demande des patients, un vrai besoin.

Des « besoins de patients et professionnels de santé », il y en a plein d’autres : 

  1. Développer et revaloriser les structures de soins à domicile : nulle part il n’est question ici des 120 000 infirmiers à domicile (revalorisation des actes et frais de déplacement, nouveaux actes de prévention, d’éducation et prise en charge comme dans la fin de vie – comme proposé par leur Ordre), des structures de soins infirmiers à domicile (ouvrez des SSIAD et donnez leur de l’argent), de kinésithérapie (qui ont aussi des propositions pour les hospitaliers), d’auxiliaire de vie, d’orthophonistes (qui ont aussi des propositions), des équipes de soins Alzheimer à domicile (ESAD ; rembourser plus que 15 séances annuelles de stimulation cognitive en cas de troubles neuro cognitifs par exemple…), etc.
  2. Revaloriser le rôle des pharmaciens au-delà la simple « coordination » par réception d’ordonnance électronique (dans la coordination ville-hôpital, avoir un « pharmacien référent » pourrait être une bonne solution pour éviter les interactions… c’est un peu plus réaliste en 2019 qu’attendre le DMP).
  3. Rembourser la psychothérapie (pas la psychanalyse hein), l’ergothérapie, les lunettes et appareils auditifs donc, les soins dentaires…
  4. Développer le sport sur ordonnance

Comme tout ça demande des sous, il y a des solutions pour en récupérer : 

  1. Commençons par rappeler qu’il existe une polémique en cours sur l’homéopathie et les FakeMed : que si on les déremboursait, ça permettrait de libérer du temps médical, de récupérer de l’argent public pour réinvestir dans d’autres soins mieux éprouvés… (On sait que vous avez piscine, mais il va falloir trancher)
  2. Faire de l’information grand public sur les consultations les plus fréquentes pour les médecins généralistes. Il y a beaucoup de consultations pour « fièvre H6 mais j’ai pas pris de paracétamol sans votre avis », « rhinopharyngite persistante et vous êtes vraiment sûr qu’il ne me faut pas des antibiotiques parce que ma tante Germaine elle m’a dit que si », « gastro-entérite J4 j’ai rien mangé et bu que de l’eau c’est quoi un soluté de réhydratation », « lombalgie J6 finalement j’ai pas bougé comme vous m’aviez dit j’ai préféré rester allongé mais c’est pire »… C’est quand même dommage, parce qu’il y a des messages simples et clairs à faire passer, qui pourraient diminuer un peu le nombre de consultations de tous les médecins.
  3. Arrêter de demander des arrêts de travail pour les jours de carence. Les travailleurs ne sont pas des enfants ; leurs médecins ne sont pas leurs parents. Si vous avez peur que les travailleurs « abusent » de ces 3 à 5 jours que vous leur offrirez dans l’année, dites-vous que ça n’est que compensation des arrêts de travail que la plupart des autres n’auront pas pris.
  4. Développer et clarifier le rôle des (très proches) infirmiers de pratique avancée qui diminueront les dépenses médicales… et par pitié, prévoir leur cursus avec des universitaires de médecine générale (« experts de leur situation » de soins primaires) et non seulement avec des praticiens hospitaliers comme c’est le cas actuellement et qui, par définition (et le fucking carré de White) ne connaissent pas « les patients ambulatoires » mais le sous-effectif des « patients qui ont souvent bénéficié d’une prise en charge en ambulatoire mais finissent par être hospitalisés »
  5. Arrêter de demander des certificats dépourvus de sens. Arrêtez avec vos dossiers MDPH de 8 pages pour avoir une carte de stationnement : de toute façon, vous ne regardez que le périmètre de marche pour ça… Si vous voulez limiter les abus, déplacez-vous chez les gens ; si vous n’avez pas les moyens de le faire, arrêtez de faire chier patients et professionnels de santé. Vous claquez des sommes monstrueuses pour pouvoir refuser 1 carte de stationnement sur 3, ce qui emmerde un patient et le limite dans sa vie, tout ça pour avoir tous les jours des dizaines de places « handicapées » vacantes sur les parkings de supermarché, c’est quoi votre délire ? Vous croyez que les gens demandent une carte avec leur photo et « personne à mobilité réduite » à côté pour faire joli sur leur pare-brise ? Arrêtez aussi de faire des demandes d’APA par le médecin traitant pour ensuite la faire refaire par une infirmière du conseil général, ça fait doublon, ça fait perdre du temps, de l’énergie et de l’argent.
  6. Non, il ne va rien se passer chez quelqu’un qui pratique la pétanque en compétition ; oui, un patient de 15 ans peut participer à un tournoi d’échecs. Laissez les gens vivre. De toute façon, malgré les certificats, il y a toujours des coureurs professionnels qui décèderont en courant un 10 km ; et les patients viennent nous voir 3 jours avant leur course, ils s’entraînent depuis 2 mois pour la faire… On ne fait rien pendant ces examens, on contrôle la tension artérielle, on ausculte, on pose 2-3 questions qu’on avait normalement déjà dans le dossier. « Certifier » qu’un patient est apte pour le sport, c’est faire mentir le médecin, faussement rassurer le patient et les organisateurs. Si vous voulez des consultations de prévention, organisez des consultations de prévention pour tout le monde… mais… (transition)
  7. … mais arrêtez de faire faire les consultations de prévention dans des centres avec des gens qui font ça comme des robots et font une audiométrie, un ECG, une spirométrie et un bilan « exhaustif » à tout le monde. Par pitié, envoyez-les chez leur médecin traitant pour faire ça, sinon comment voulez-vous qu’on existe au patient qu’on « rationnalise » ses bilans biologiques ? Vous avez trop d’argent ? Regardez la liste ci-dessus !

Mais dites donc, tout ça fait plein de propositions. Eh oui ! Ca tombe bien, il y a une semaine, le Dr Jean-Baptiste Blanc (@Dr_JB_Blanc) a lancé une pétition, pré-signée par 100 d’entre nous, avec des propositions concrètes, dont plusieurs citées ci-dessus. Farfadoc en a parlé dans un billet de blog tout récemment aussi ! 

N’hésitez surtout pas à signer cette pétition. Ca serait dommage de ne pas contribuer à simplifier la vie des patients et médecins généralistes !

(Je devais twitter ça demain à 7h30 comme d’habitude, mais en hommage à l’heure de tweet de notre député, je vais le publier aussitôt ^^ Vu l’heure, j’ai mal relu, désolé si l’ironie et le cynisme passent parfois mal ou trop lourdement. Je ferai plus léger la semaine prochaine.) 

Oh, et cette fois, si le Gouvernement est pressé de mettre en place ces quelques mesures proposées par des professionnels de santé experts de leur situation, il ne faut surtout pas hésiter à utiliser la voie d’ordonnances qui lui est si chère 😉

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L’histoire du forgeron

« Affûter une épée… » grommela Justin. « Et où je vais trouver un forgeron dans ce trou perdu ? »

Il se résolut à demander à un paysan, le premier humain croisé depuis une demi-heure.

« Un forgeron ? Il y en avait trois avant, mais il n’en reste plus qu’un dans le coin…

— Il doit être bien occupé… Et où je peux le trouver ?

— A 2 heures de marche d’ici, à Udolwyce. Enfin… il y en a un autre à équidistance, mais je ne vous conseille pas. Pas vraiment un forgeron, si vous voulez mon avis.

— Il n’y en a vraiment pas avant ? Plus proche ?

— Bah non. Il n’y a rien ici : pas d’école, pas de boulangerie ; pourquoi vous voudriez qu’il y ait un forgeron ?

— C’est pas faux.

— Je sais qu’il y en a qui râlent, mais ils veulent quoi ? Il manque de forgeron partout de toute façon… Dites-lui que vous venez de ma part. Oh, s’empressa d’ajouter le paysan, il ne vous fera pas de prix, mais au moins il saura que je suis encore en vie. C’est toujours bon de faire passer des nouvelles.

Justin poursuivit sa route vers le nord, et finit par arriver à Udolwyce au tomber du jour. Il repéra rapidement la forge, illuminée par sa fournaise. Même sans la lumière vive, il aurait pu se guider aux bruits répétés et puissants de coups portés sur le fer rougi et l’enclume.

« Bonsoir, lança Justin, suffisamment fort pour couvrir les bruits du marteau.

— ‘soir, répéta le forgeron, en sueur.

Il plongea une serpe en fer incandescent dans un baquet d’eau, d’où émana un nuage de vapeur. Il retira son épais tablier de cuir, s’épongea le front et invita Justin à s’asseoir.

« Qu’est-ce qui vous amène ? Une épée à affûter ? demanda-t-il en désignant le fourreau à la ceinture du jeune homme.

— C’est ça…

Le forgeron consulta un agenda chargé, bourré de ratures.

« Je peux m’en occuper… après-demain, ça ira ?

— C’est-à-dire que c’est pressant.

— Ca l’est toujours. Demain matin, je ferre les animaux ; l’après-midi, j’ai un soc de charrue et trois haches. Période des bûcherons… Demain soir, sinon, mais ça va être tendu. Je préfère prendre mon temps…

— Aheumm… fit une voix derrière Justin.

Un jeune homme venait d’entrer. Il avait le teint suffisamment cireux pour donner envie d’allumer ses mèches.

« Excuse-moi du dérangement.

— Entre, Harry. Qu’est-ce qui t’amène ?

— Eh bien hier, je n’ai pas pu me rendre au travail parce que mon cheval était malade. Comme c’est toi qui l’a ferré le mois dernier, mon patron veut que tu fournisses un certificat pour justifier mon absence.

— Je n’étais pas témoin qu’il était malade.

— Oui, bah, il l’était. Comme c’est toi qui le suis, le patron veut que tu signes un papier pour dire qu’il était malade, tu sais.

— Oui, je vois.

— Et dans la foulée, si tu peux aussi faire un certificat pour l’assurance ; ils veulent savoir si mon cheval est bien ferré et s’il peut circuler…

— Bon… et il va mieux ton cheval ?

— Oui, en pleine forme. Il est dehors.

— Je vois. Tiens, voilà pour toi…

Il replia ses deux lettres, et les glissa dans une enveloppe qu’il scella. Le jeune homme partit.

« Alors, où en étions-nous ? Ah oui, demain soir, pour votre épée éventuellement, si ça urge…

— Non, mais ça ira pour après-demain… je ne suis pas si pressé ! Et je vois que vous êtes particulièrement demandé.

— Ah ça… Depuis que mes deux confrères sont partis, je suis le seul forgeron et maréchal-ferrant à 20 kilomètres à la ronde.

— Ah oui, quand même ! Mais ça n’est pas une bonne situation, ça, forgeron ?

— Ecoutez, moi si je devais résumer ma situation, aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui me demandent de forger, réparer, affûter, travailler sur leurs outils. Aucune commande ne se ressemble, j’ai la chance de faire un métier varié et qui me permet de bien gagner ma vie. En plus, de nos jours, tout le monde a une assurance ferronnerie, ce qui fait que la plupart du temps, mes clients ne paient rien ou sont presque intégralement remboursés.

— Mais alors, comment ça se fait que vous soyez si peu nombreux ? Les gens ne veulent pas venir travailler dans cette fournaise peut-être ?

— Oh si, vous pensez ! C’est juste que le Grand Maître des Forgerons régule depuis très longtemps le nombre de forgerons formés : sur 100 débutant une formation, seulement 14 travailleront le fer : 7 deviendront des forgerons comme moi, et 7 autres seront maréchal-ferrant, réparateurs d’urgence, ferronniers d’art intérieur ou extérieur, par exemple.

— Mais… tous les autres ?

— Bah ils font autre chose de leur vie. Il n’y a pas que le fer dans la vie. La sélection permet de ne garder que l’élite pour les 6 ans de formation : ceux qui connaissent la densité du fer à température ambiante, le prix du charbon au kilo, et ce genre de questions très pointues.

— Je vois… C’est dommage qu’ils n’aient pas simplement augmenté le nombre de formés plus tôt, finalement.

— Le Grand Maître des Forgerons ne voit pas très loin. La cataracte, je crois. Il a supprimé ce seuil récemment, mais comme il y a pénurie de formateurs, ça ne va pas changer grand-chose au problème. Ce n’est pas demain la veille qu’il y aura davantage de forgerons au village… Ca va s’arranger d’ici 15-20 ans. En attendant, on va se serrer le tablier !

— Je vois… Ca doit être compliqué d’être seul… Vous ne devez pas avoir beaucoup de temps pour vous !

— Je passe beaucoup de temps à la forge, c’est vrai. Ce qui m’ennuie c’est que je ne fais quasiment plus que des réparations… Je ne forge quasiment plus de nouveaux outils, alors les gens achètent parfois de la camelote à des marchands itinérants, que je passe mon temps à réparer… c’est un cercle vicieux. Et c’est pas avec leur assistant à la noix que ça va s’arranger, ah !

— Quels assist… commença Justin.

— Ah oui, vous ne savez pas ce que le Grand Maître des Forgerons a proposé ! le coupa le forgeron. Il veut me fournir gratuitement un assistant !

— C’est une bonne nouvelle ! Vous allez pouvoir vous remettre à forger !

— Non. Parce que cet assistant, il n’est pas là pour ça. Il est là pour que j’augmente le rythme : plus de réparation, toujours plus ! Au lieu de réparer 20 outils en 10 heures, l’assistant s’occupera des commandes, de préparer le matériel… et d’après le Grand Maître, d’ici deux ans, je pourrais réparer 30 outils en 10 heures, ce qui me permettra de financer moi-même cet assistant.

— Attendez, le Grand Maître qui régule les forgerons à la baisse dit qu’il faut que vous augmentiez votre cadence ? Mais c’est complètement stupide ! A ce rythme, dans 2 ans, vous serez complètement épuisé !

— Oui. Je ne suis pas contre un assistant, moi. Mais un assistant pour m’aider à augmenter la qualité de mes outils et de mes réparations ; au lieu de réparer 5 fois le même outil par an, je pourrais le réparer 2 ou 3 fois. Ca me permettrait de rester à 20 outils sur 10 heures, mais de voir défiler plus de personnes différentes.

— Et ils ont beaucoup d’idées comme ça ?

— Du même style ? Mais ils en pondent tous les jours ! Ils m’épuisent, tellement ils fourmillent d’idées ! Tenez, il n’y a pas longtemps, il y a un officier du Grand Maître qui a proposé que les réparateurs d’urgence gagnent 60 écus pour renvoyer vers les forgerons une réparation qu’ils jugent non urgente.

— Mais… vous ne croulez pas déjà sous le travail ?

— Ah non, mais je vous ai prévenu, ils ont des idées qui fument tellement qu’il y a des pompiers qui commencent à s’inquiéter. C’est le même officier qui proposait que les forgeons travaillent tous jusqu’à 22 heures pour s’occuper des réparations trop urgentes pour attendre le lendemain mais pas assez urgentes pour concerner les réparateurs d’urgence.

— Laissez-moi deviner : cet officier qui veut réguler les forgerons, il ne serait pas réparateur d’urgence ?

— Tout juste. Ils ne comprennent pas que nos plages horaires et notre rythme sont corrects, et que ce qu’il faut c’est éviter les réparations en amont, éduquer les gens sur l’utilisation correcte de leurs outils, arrêter d’avoir des patrons qui veulent un certificat pour une journée d’absence justifiée par l’employé, ce genre de choses… Qu’est-ce que vous voulez que j’en sache si son cheval à Harry était malade hier ? Je signe le papier, je perds du temps, il perd du temps, son assurance perd du temps.

— Tout ça est stupide… Quand je pense que ça pourrait être arrangé par le Grand Maître des Forgerons, qui est lui-même responsable de la pénurie de forgerons par sa régulation à la baisse. Ils avaient peur que les gens sur-consomment des outils en fer s’il y avait trop de forgeron ?

— Oui, c’est ça. Enfin c’était son prédécesseur… Ils ne l’avoueront jamais de toute façon. Il n’y aura jamais d’excuses pour des gestions douteuses ; ça sera toujours la faute des réparateurs d’urgence trop peu nombreux, des forgerons qui ne travaillent pas assez. C’est dommage, parce que globalement, tout le monde bosse bien. On fait tous ce qu’on peut pour proposer des services de qual…

— Je peux entrer ? tonna une voix.

Justin sursauta. Un homme trapu et barbu s’avança ; il sentait un mélange de fleurs et de cannelle, ce qui collait autant à sa physionomie qu’une mousse au chocolat sur un saumon fumé.

« ‘Soir.

— Bonsoir, répondit Justin.

— Tu viens chercher le baquet ?

— Comme d’habitude.

— Sers-toi, je viens de finir.

— A demain.

L’homme trapu transvida le baquet dans une sorte de grand vase, qu’il jeta sur son dos.

« C’est un ferroméonier… dit le forgeron lorsque son collègue s’éloigna.

— C’est quoi ?

— Un maréchal-ferrant qui vient chaque soir. Il récupère l’eau du baquet qui a servi à refroidir les fers, et il la revend… il prétend à tout le monde que ça remplace de vrais fers, et que ça présente même l’avantage de ne pas avoir de sensations désagréables lorsqu’on se promène, ce genre de choses.

— Attendez, je ne comprends pas : il met de l’eau sous les sabots des chevaux et dit que ça fait la même chose que des fers ?

— Oui. Et il est remboursé par l’assurance ferronnerie.

— Mais c’est une escro… !

— CHUT ! s’exclama le forgeron. Taisez-vous, malheureux ! Vous voulez qu’il me traîne devant la guilde ?

— Comment ça ? Vous n’allez quand même pas vous laisser faire par ce charlat…

— Mais taisez-vous ! Taisez-vous !

Le forgeron se leva brutalement pour vérifier que personne n’était à proximité.

« La guilde ne va quand même vous coller un procès au train pour dénoncer ce type, alors que vous êtes en sous-effectif !

— Ils n’ont pas le choix. C’est la règle : on ne peut pas critiquer un autre forgeron… C’est dans la charte.

— Mais il en pense quoi, le Grand Maître, qu’il y ait des forgerons qui se destinent à une telle escr… escapade sur les chemins de l’absurdité ?

— Il dit qu’il est incroyablement rationnel, mais que ça ne fait pas de mal alors ça va. Avant d’arrêter le remboursement par l’assurance ferronnerie, il dit qu’il faut attendre que les Grands Chimistes du fer disent si oui ou non l’eau du baquet peut remplacer les fers à chevaux.

— Grand suspens…

— Je vous serais obligeant de ne pas être désobligeant, dit à voix haute le forgeron, au cas où quelqu’un écouterait la conversation. Bon… je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. La fin de journée, sans doute. J’ai toujours une phase de sidération après avoir travaillé mes 20 outils…

— Je connais ça aussi.

— Bon, je vous laisse, j’ai une réunion avec mes collègues, pour le CPTF.

— C’est quoi ça ? Et quels collègues ?

— Tous ceux qui travaillent autour de la ferronnerie et des métaux de façon générale. C’est la communauté professionnelle territoriale de ferronnerie.

— Ca va vous aider à mieux vous occuper des outils ça ?

— Bah non. Ca va me donner de nouvelles réunions, de nouveaux dossiers à remplir pour avoir des financements pour accomplir de nouvelles missions autour de la ferronnerie et du fer, et embaucher un chargé de projet en ferronnerie. Enfin, je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça… revenez après-demain pour votre épée.

— Si vous n’en avez pas eu marre avant.

— Oh non. Non, bien sûr que non. J’aime bien forger. Rien ne m’obligera à faire autre chose ou à faire différemment.

Justin regarda le forgeron s’éloigner. Il ne comprenait pas bien où voulait en venir le Grand Maître : pourquoi  donner de nouvelles missions à des forgerons déjà chargés ? Est-ce que cela allait vraiment permettre aux gens vivant dans les villages les plus reculés d’avoir un accès à un forgeron ? Ouvrir jusqu’à 22 heures donnerait-il la possibilité à ceux venant de très loin d’arriver à la forge avant sa fermeture ? Quel était le sens de tout ça ?

Ce pays était décidément bien mystérieux.

Fin de l’histoire.

Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Dans un autre genre, vous pourrez découvrir pendant 5 jours à partir d’aujourd’hui un nouvel épisode de la saison 3 d’Et la Terre éclata… co-scénarisé avec François TJP (qui est aussi le réalisateur, webmaster…) C’est sur http://boum.studiotjp.com/ 😉

 

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A propos du dossier médical partagé (DMP) en quelques threads

Ceci est le premier billet de blog lancé sur la toile après l’ère de Stan Lee. RIP.

La semaine dernière avait lieu la conférence du directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de la Ministre de la Santé sur le dossier médical partagé. Je n’ai pas écouté la conférence, mais j’en ai lu quelques brides.
Il y a des annonces, c’est sûr. Par exemple celle-ci.

C’est hyper pratique en réalité, notamment pour un patient qu’on ne connait pas et qui a une connaissance partielle de son traitement (« euh, la pilule bleue et jaune du matin, puis le sachet là le midi »). Bon, c’est vrai que ça existe déjà dans nos logiciels, mais là en plus c’est PARTAGÉ avec le patient et surtout avec ceux qui ont des logiciels qui ne le permettaient pas… 

Obtenir l'historique des remboursements en deux clics

Obtenir l’historique des remboursements en deux clics

Alors, bien sûr, si on avait la possibilité de redémarrer une partie du jeu « La France » à partir de zéro, comme on redémarre une partie de Mario, Zelda ou autre, eh bien oui, avoir des données de santé facilement partageables serait un gain de temps, d’argent, d’énergie, de ressources humaines, et de données disponibles pour la recherche absolument inestimable. Il y aurait des questionnements en matière d’éthique et de sécurité, mais globalement ça serait formidable. On aurait des gens qui seraient payés pour vérifier la qualité des données, et des soignants tellement nombreux sur le territoire qu’on pourrait prendre 30 minutes en consultation pour remplir des petits questionnaires validant les codages faits dans ces dossiers.

Sauf qu’a priori, le reboot n’est pas faisable, et il faut donc soit imposer le DMP, soit faire avec l’existant.

Imposer le DMP, ça n’est pas prévu, et tant mieux. (J’en profite pour mettre ce premier lien qui est un bon résumé du projet). 

Et l’existant, c’est quoi ?

1 – un DMP dans lequel on a mis pas mal d’argent (pour ne pas ressortir une autre expression) depuis 2004 et que, pour des raisons probablement liées au biais cognitif des coûts irrécupérables (voir ici la super vidéo de David Louapre), l’Etat ne parvient jamais à réformer complètement, donnant toujours l’impression d’un train de retard – avis personnel (thread 1, thread 2).

2 – tout un tas de logiciels en ville, en milieu hospitalier, en EHPAD, de qualité très variable (certains très bons, certains ayant obtenu une certification leur ayant permis d’être commercialisés en dépit du bon sens), qui n’arrivent pas à communiquer entre eux pour des raisons pratiques, légales ou stupides (thread 3, thread 4).

3 – aucun lien de communication entre les logiciels existants et le DMP, alors que la démographie médicale actuelle impose de faire des choix.

En gros, pour une consultation avec un vaccin au décours de celle-ci (ou un suivi du nourrisson, etc.), le médecin prend déjà le temps de remplir son dossier et son carnet de vaccination électronique, le carnet de vaccination papier (ou carnet de santé) du patient, une feuille de soins papier/électronique (pour que la CPAM rembourse le patient qui a cotisé à la CPAM pour être remboursé)… voire un dossier supplémentaire s’il est en visite en EHPAD (ce qui, avec le vieillissement de la population, va plutôt devenir de plus en plus fréquent).
S’il n’y a pas de lien de communication et si on doit dupliquer le remplissage de dossier sur un autre logiciel pour chaque consultation, personne ne le fera. Parce qu’on manque de médecins. Parce qu’on manque de temps médical (thread 5). Et le manque de temps médical est d’ailleurs bien connu par ceux qui « vendent » le DMP.

Ce tweet m’a agacé (que celui qui ne s’est jamais agacé tout seul devant un tweet me paie la première bière).

« On manque de temps médical » alors « le patient va ouvrir lui-même son DMP ».
Je… ? « On manque de boulangers » alors « le client va apporter lui-même sa farine à son boulanger ». A quel moment il faut trouver que c’est une super idée au juste ?
Au cas où ça ne serait pas clair : le problème est beaucoup moins l’ouverture que le remplissage du DMP.
Par contre, c’est vrai que si le patient a investi du temps et de l’énergie dans l’ouverture de son DMP, ce sera lui qui fera pression auprès des médecins pour remplir le DMP… Et la pression des patients ça marche pas si mal : c’est même pour ça que les deux mots les plus manuscrits par les médecins sont « NON SUBSTITUABLE ».
La prochaine étape devrait donc être une campagne d’envergure pour dire aux patients « ouvrez votre DMP : améliorez votre santé » (en plus ça rime). D’autant qu’il est prévu qu’il y aura 40 millions de dossiers ouverts sous 5 ans, je ne vois pas comment ils pourraient y parvenir sans des messages globaux incitatifs.

Le forcing, ça peut finir par payer… mais si on veut vraiment passer un jour au DMP (sans rebooter le jeu « la France »), il faudra probablement passer par une étape de prise en considération des problèmes existants. Allons-y pour une vision de la santé en 2018 autour de la thématique du DMP, avec les quelques threads annoncés plus haut (il faut cliquer sur le tweet et dérouler si ça vous intéresse). 

Thread 1 Sur l’aspect pratique du DMP :

Thread 2 Sur la sécurité du DMP :

Thread 3 Sur le partage des données à l’hôpital en 2018 :

Thread 4 Sur la qualité douteuse de certains logiciels en EHPAD en 2018 :

D’autres Twittos ont balancé d’autres noms de logiciels de grande « qualité ».

Thread 5 Sur la difficulté de l’Etat à capter que le problème de la santé, c’est qu’on manque de temps à cause notamment du creux du numerus clausus qui est de leur faute en fait, un peu, donc bon, voilà, hein (thread 6).

Bonus Thread 6 Sur le creux du numerus clausus

Au total, je vois 3 sorties actuellement pour le DMP tel qu’il a été pensé :

  • l’imposer à tout le monde, en supprimant les logiciels métiers. Ca n’est pas possible et ça n’est pas prévu actuellement.
  • l’abandonner malgré les 14 ans de développement et régler les problèmes qui continuent à pourrir la vie de tout le monde depuis ce temps. Il y en a quelques-uns cités dans les threads. Ca serait déjà un progrès…
  • le rendre capable de communiquer avec tous les logiciels de façon ultra simple ET efficace. 2 logiciels identiques dans 2 hôpitaux différents n’arrivent déjà pas à communiquer, donc c’est mal barré. Mais c’est vraiment la seule solution que je vois pour que ça fonctionne. Et quand ça fonctionnera, que ça sera simple, que ça sera archi sécurisé, alors ça sera utile pour tout le monde (patients, professionnels de santé, chercheurs…). Excelsior !

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Pour les futurs internes de médecine générale…

J’aime bien raconter d’où viennent les billets de blog, surtout quand c’est un peu original… Cette fois, c’est une Miss France et future interne en médecine générale à Paris qui m’en a donné l’idée avec ce tweet ^^

L’occasion ici de parler de Marine Lorphelin qui, malgré une voie toute tracée, a préféré reprendre ses études et a tenu bon tout son externat, sans céder aux alléchantes propositions qu’elle a forcément reçues… C’est vraiment admirable, je ne sais pas si j’aurais eu autant la tête fermement campée sur les épaules à sa place. Clap clap clap de circonstance 😉

Il y a 4 ans, Thoracotomie publiait ses 10 commandements et je plagiais Rudyard Kipling dans le seul billet en vers de ce blog (heureusement, diront certains :D).

Ces conseils généraux sont toujours d’actualité, bien sûr… Mais il y en a dix autres que je peux proposer :

  1. Choisir le bon stage… C’était la crainte (légitime !) de Marine Lorphelin. En général, les associations d’internes tiennent une liste des lieux de stage et des évaluations des internes qui y sont passés… On peut également regarder les stages qui sont habituellement disponibles pour les internes de premier semestre (… ce qui a pu évoluer depuis la réforme de l’an dernier) et contacter ceux qui sont en poste dans les services qui nous intéressent. Enfin, il n’y a pas de bons ou de mauvais stages, moi si je devais résumer mes stages avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main… 
  2. Savoir rapidement faire face à la plupart des situations : utiliser le site ou l’app Vidal Recos (pour moi c’est pluri-quotidien – et je n’ai pas de conflit d’intérêt pour vous le recommander ^^)
  3. Bien décider en consultation : le Dr Michel Arnould regroupe sur cette page plein d’éléments, notamment sur l’administratif, les outils utiles et – surtout – une liste (à jour) de sites utiles, tels qu’AntibioClic, GestaClic, VIHClic, DémenceClic, Aporose… Parcourez ces différents sites, vous allez rapidement voir comment ils vous simplifieront la vie au quotidien !
  4. Rester à jour : suivre le #DragiWebdo de @Dr_Agibus (qui fêtera son 200ème numéro ce dimanche !) C’est un travail formidable de veille, qui relève de la fiction pour la plupart des humains normaux ! Il y a évidemment plein d’autres solutions :
    • avoir un compte Twitter (vraiment !),
    • s’abonner à des revues (classiquement Prescrire, Exercer, la Revue du Praticien…) – j’avoue misérablement ne plus être abonné et lire « simplement » ce qui m’intéresse en cherchant moi-même,
    • acheter des bouquins (l’ECG facile, l’examen neurologique facile, Vertiges… tiens ou bientôt la 7ème édition de Médicaments ECNi *sifflote* :D)
  5. Apprendre de ses erreurs. Je vous invite à noter quelque part ce que vous considérez comme des erreurs, pour essayer de comprendre ce qui n’a pas été, et ce que vous auriez pu faire mieux. C’est la réflexivité si on veut dire un gros mot. Mais c’est important pour progresser, et s’en souvenir réellement (plutôt qu’avoir une vague culpabilité sur quelque chose que vous auriez « moins » mal fait que votre esprit torturé voudrait vous le faire croire)… En plus, vous verrez que des vraies erreurs, vous n’en faites pas tant que ça 😉
  6. Apprendre RAPIDEMENT à faire des recherches bibliographiques (et utiliser Zotero) : ça vous sera utile pour la thèse, mais aussi pour vos RSCA, et finalement pour votre quotidien… J’ai fait un billet sur la thèse (si vous voulez, je pourrai la mettre à jour bientôt), et dans un récent post sur le changement d’heure, un rappel sur PubMed et LiSSa. Il y a beaucoup d’autres sources ailleurs plus fournies : le site LEPCAM de @NdeChanaud, ou les vidéos Doctobib qui montre comment bien utiliser Zotero et faire une recherche bibliographique.
  7. Comprendre ce qui se dit lors des enseignements/groupes d’échanges de pratiques de médecine générale : parfois, ça peut être un peu difficile de parler tous le même langage, alors j’ai rappelé ici les principaux concepts utilisés en médecine générale, issus de la thèse de Marie-Alice Bousquet.
  8. Préparer un avenir plaisant. L’internat ne dure « que » 3 ans mais peut sembler long (d’ailleurs je crois qu’il m’a semblé plus long que mes 4 ans d’installation). Il n’est jamais trop tard pour changer ensuite de spécialité (droit au remord), de mode d’exercice… C’est l’occasion d’explorer, faire des DU, faire un peu d’enseignement, de recherche, de remplacer à la ville, à la campagne, rencontrer des gens qui font de l’échographie, des polygraphies, des ECG…
  9. Se positionner sur un clinicat de médecine générale rapidement, si l’enseignement et/ou la recherche vous intéresse. J’ai fait le bilan du mien quelque part par là ; tous les profils existent, mais le message est de ne pas attendre la fin des 3 ans pour s’y intéresser.
  10. Prendre du temps pour soi, ses amis et la non-médecine. Eh, les ECN sont derrière ! Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux, maintenant. Et si ça ne va pas, parlez-en… Il y a trop d’internes qui se font du mal, souvent à cause de gens maltraitants (volontairement ou non). Tout ça n’en vaut pas la peine, surtout qu’il y a plein de voies de sorties, même si ce que vous faites ne vous plait pas ou plus. Vous avez 6 ans de médecine derrière vous, vous pouvez faire ce qui vous plait, que ce soit dans la médecine (Michel Cymes, Jean-Yves Nau, et plein de chroniqueurs radio ou télé), la littérature (Christian Lehmann, Jaddo…), le cinéma (Thomas Lilti), le one-man show (le sympathique Aviscène, rencontré la semaine dernière ;-)), les chaînes YouTube de vulgarisation (Asclépios, Primum non nocere, WhyDoc, à retrouver dans cette liste de vulgarisateurs par @stdebove), le YouTube hors médecine avec les jeux vidéo (@rifampicine), le sport ou encore… le mannequinat (Marine Lorphelin) ! La boucle est bouclée 😀

Amusez-vous bien ! 😉

 

EDITION JUIN 2019 : Il y a aussi le kit médical, et EBMFrance

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Un jour, au bac philo, on a demandé « Qu’est-ce qu’une expression vidée de son sens ? », j’ai répondu…

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Cliquer pour accéder à guide_conciliation_des_traitements_medicamenteux_en_etablissement_de_sante.pdf

 


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https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/ma_sante_2022_pages_vdef_.pdf (on en parle ici…)

 

Et j’ai eu 20. 

\o/

 

Requêtes Google : « patient au centre » site:https://solidarites-sante.gouv.fr et site:http://www.has-sante.fr

Inspirations de ce billet…

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