Choisir son itinéraire pour les visites à domicile : une histoire de fourmis

J’ai débuté mon SASPAS, c’est-à-dire mon… attendez… (*2 bouffées de Ventoline, exercices d’expansion de la cavité thoracique, profonde inspiration*) mon Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée.

En résumé, je suis seul en consultation (c’est ça, l’autonomie supervisée)… et en visites.

Alors, bon, là je joue à domicile donc je connais plutôt bien les quartiers, les sens interdits et quelques noms de rue ; quand les gens tentent de m’expliquer par téléphone où ils habitent, parfois il m’arrive même de comprendre.

Sauf que j’ai quand même un problème avec les visites : je suis toujours embêté quand il faut aller rendre visite à M. A, Mme B, M. C, Mme D et M. E, en évitant de passer par le centre-ville à midi, en arrivant après 11h chez Mme D, sachant que la rue W est en travaux les jours pairs et que la femme du capitaine vient d’accoucher.

A l’heure des GPS, je ne vais pas avoir la joie d’arpenter les villes du coin avec une carte au 1/10 000ème… Par contre, j’aurai toujours plus de mal pour trouver l’ordre des visites…

C’était l’objet d’un tweet en ce bon jeudi 6 novembre, en petit-déjeunant (vi, je commence tôt à avoir des idées géniales – mais j’arrête souvent assez tôt également… :D) :

J’ai eu plusieurs avis enthousiaste et des retweets, montrant que je ne suis pas le seul à vivre dans l’angoisse permanente du PPCM et du PGCD (Plus Petit Chemin Merveilleux, Plus Grande Consommation D’essence).

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Il m’a fait des dents

J’ai fini mes gardes de pédiatrie et avec elles, possiblement mes gardes hospitalières !

Je sais que je ne réalise pas encore tout à fait — théoriquement je devrais être en train d’écouter When Johnny Go Marching Home en boucle.

Mais bon, ça viendra sûrement. En attendant, pour fêter ça, je vous aurais bien résumé mes nuits passées à l’hôpital — dont je garde de nombreux souvenirs — mais Jaddo l’a déjà écrit avec brio cette semaine. Du coup, à la place, je vais vous raconter les urgences pédiatriques. Je vais vous en dresser trois tableaux…

Le premier tableau, c’est le « chef-d’œuvre » de la garde. C’est la consultation que les internes se racontent au moment du passage du téléphone de garde : « eh, hier, j’ai vu un purpura (fébrile, thrombopénique, palmo-plantaire à parvovirus B19 ou autre) / un abcès pelvien sur appendicite / une invagination intestinale aiguë / une sténose hypertrophique du pylore / une ostéomyélite… » Je pourrais y ajouter ces éléments de consultation satisfaisants mais que je ne racontais pas ; j’essaie d’éviter d’être puéril en donnant l’impression d’accrocher des bons points sur un tableau de chasse.

A entendu un souffle cardiaque inconnuChacun ses petits plaisirs honteux.

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L’aventure des antibiotiques (3/3) — Les bases qu’il faut en avoir en médecine (ECN / iECN)

J’espère que vous avez pu replacer ces médicaments dans leur contexte médical et historique avec « les antibiotiques sont nos amis contre la vie » et « une brève histoire croisée de l’antibiothérapie ».

J’ai illustré le problème des résistances bactériennes avec le Staphylococcus aureus à la fin du précédent article ; j’insiste à nouveau sur l’intérêt d’une bonne connaissance des différentes classes et de leur utilisation, seul moyen actuel pour lutter contre ces résistances acquises.

Il existe des mécanismes de résistance pour tout antibiotique : modification de perméabilité membranaire, inactivation enzymatique, acquisition d’un plasmide ayant le mécanisme de résistance, modification de la cible, efflux de l’antibiotique hors du procaryote, mutation chromosomique… Les antibiotiques sont des médicaments révolutionnaires mais aussi très récents — leur utilité demain dépend de leur utilisation aujourd’hui.  Ca ne veut pas dire qu’il faut réserver ces antibiotiques en dernière intention, mais juste qu’il faut les connaître et les prescrire avec modération et réflexion…

Quelque soit votre discipline médicale (actuelle ou future), vous devez avoir les idées les idées claires sur les antibiotiques. Pour les (i)ECN, vous pouvez oublier le pivmécillinam* le chloramphénicol ou la polymyxine E (entre autres…) ; après aussi d’ailleurs — sauf pour les infectiologues.
(*c’était vrai en 2013, ça ne l’est plus en 2016 : il est devenu une alternative de premier plan dans les cystites aiguës – cf. commentaires).

Evidemment, il est plus facile de demander de retenir les classes d’antibiotiques que le faire. Les classes d’antibiotiques, c’est comme la taxinomie des plantes montagnardes : il y a beaucoup de noms qui ne veulent rien dire, et on n’est même pas sûr que ça puisse nous servir un jour. (Dans le doute, préférez tout de même les classes d’antibiotiques, si vous êtes étudiant en médecine). Pour les mémoriser, j’avais opté pour un regroupement par mode d’action, copié d’une plaquette d’information de laboratoire — oui, je sais, mais elle était vraiment bien faite ! Je l’ai complétée avec divers sites/livres de pharmacologie, cours, connaissances acquises un peu partout.

J’ai essayé de faire synthétique et de livrer des points-clés ou keynotes. Ça ne couvre pas toute l’infectiologie en un tableau, évidemment… J’ai essayé d’être clair et à jour, mais si vous relevez des erreurs, n’hésitez pas à me les signaler.

Bon courage !

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Causes et effets : non, les antibiotiques ne sont pas automatiques, même en ORL…

Cet article s’intercale dans mon triptyque sur les antibiotiques, où j’essaie de rapporter l’importance historique et actuelle d’un choix raisonné. Tant pis, il a parfaitement sa place ici, finalement.

Je viens de découvrir cet article sur Twitter qui titre « Les antibiotiques, c’est pas automatique : un slogan qui fait des victimes ».

Le Pr. Emile Reyt, président du collège français d’ORL, lance une alerte sur l’augmentation inquiétante du nombre d’abcès pharyngés, capables d’engager le pronostic vital des patients. « Le nombre de prescriptions d’antibiotiques a effectivement chuté de plus de 50% (26,5% dans le même article 5 paragraphes au-dessus), mais le nombre de patients souffrant d’un abcès péri-amygdaliens a en parallèle explosé de 51% » nous explique-t-il.

Et là, j’ai envie de faire une pause pour vous parler des MOOC (Massive Open Online Course) et précisément de celui de biostastistiques que j’ai suivi cet été sur le campus virtuel de Stanford. Je vous parlerai un jour des MOOC, c’est vraiment une offre incroyable qui va révolutionner notre mode d’apprentissage à mon avis. Donc, cet été, j’ai été hypnotisé par le génie didactique de Kristin Sainani, qui nous répétait régulièrement l’importance de revenir aux nombres en valeur absolue et non en valeur relative. 

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L’aventure des antibiotiques (2/3) – Une brève histoire croisée de l’antibiothérapie

Je vous préviens, c’est un petit peu long quand même… J’ai essayé d’être fluide dans mon texte, et j’espère que je réussirai à vous intéresser. Vous n’êtes pas obligé d’avoir lu cette première partie pour comprendre, mais c’est mieux. Et pour information, je ne suis pas historien (du tout, du tout, du tout), mes sources sont Wikipedia, quelques articles de PubMed, des recherches croisées sur internet (avec souvent des versions discordantes d’ailleurs – ai-je choisi la bonne ? en tout cas, j’ai choisi la mienne ! ;-))

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Les Hommes traitent des microbes depuis l’Antiquité sans le savoir. Egyptiens, Babyloniens, Perses, Chinois, Gréco-romains ont (ré)inventé l’utilisation du miel aux alentours de 3000 avant Jésus-Christ (antiseptique et cicatrisant grâce aux nombreuses enzymes fournies par la salive d’abeilles), l’hygiène, la diététique, la chirurgie, les césariennes, l’usage médicinal de divers plantes et jus. La magie, les élixirs d’immortalité et l’idée de fluides énergétiques restent bien sûr au premier plan (et n’ont pas totalement disparu aujourd’hui).

Hippocrate (- 460) et Galien (2ème siècle après J.-C.), médecin des gladiateurs, décrivent la « pyrotechnie chirurgique », et traitent les plaies par le feu, lorsque le vin et le vinaigre ne suffisent pas.

Jeanne D'Arc : une pyrotechnie chirurgique qui a mal tourné ? (lisez son histoire chez @Padre_Pio par contre !)

Jeanne D’Arc : une pyrotechnie chirurgique qui a mal tourné ?

Vous pouvez lire l’histoire de Jeanne D’Arc brillamment racontée par @Padre_Pio sinon.

Les Hindous émettent l’hypothèse que quatre « microbes » seraient responsables des maladies dans l’Atharva-Véda. Varron reprend la théorie en -36 dans le Rerum rusticarum : certaines créatures minuscules que les yeux ne peuvent voir, qui flottent dans l’air et pénètrent dans l’organisme par la bouche et le nez causent de graves maladies.

Ces observations sont encore anecdotiques. La théorie des quatre éléments d’Hippocrate fait longtemps autorité ; la notion de souffle vital (aérien) persistera jusqu’à la découverte de la circulation du sang en 1628 par William Harvey — le cœur n’est connu comme une pompe que depuis moins de 400 ans !

A la fin du XVIIème siècle, Antoni Van Leeuwenhoek observe pour la première fois des micro-organismes grâce à des microscopes qu’il fabrique lui-même.

Au milieu du XIXème siècle, Ignaz Semmelweis montre que se laver les mains entre une autopsie et un accouchement réduit le nombre de fièvres de la mère de 900%… Ce n’est pas la première telle théorie hygiéniste : au début du siècle, Dominique-Jean Larrey, chirurgien de la garde impériale, reprenait déjà des méthodes égyptiennes pour soigner les plaies (cf. ma tweetstory sur le même site →)

Près de 1900 ans après le texte de Varron, Agostino Bassi décrit le rôle pathogène de Beauvaria bassiana dans une épidémie muscardine des vers à soie. Louis Pasteur valide cette théorie microbienne en 1860, et réfute la théorie de la génération spontanée soutenue de Van Leeuwenhoek. Les microbes naissent aux yeux humains, il y a 150 ans (bien qu’ils soient apparus sur Terre il y a 3 800 000 000 ans, soit environ 3 797 700 000 ans avant le genre Homo, à deux-trois semaines près).

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