Retards

Quelque part, dans de grands bureaux spacieux et bien rangés, il existe des gens qui sont capables de découper et hiérarchiser chaque tâche à réaliser.

Pas moi.

Eux – dans mon imaginaire -, ils sont organisés, ils sont grands avec la mâchoire carrée, parfaitement rasés, portent des costumes et des cravates, et travaillent dans un open-space relativement silencieux.

On en a parlé un peu avec @GeluleMD ce soir sur Twitter : nous partageons ce drôle de sentiment, ce mélange d’hyperactivité et de procrastination, cet illogisme primitif qui nous pousse à écrire un billet de blog stupide à 1h30 du matin alors qu’il y a la comptabilité 2014 à faire, et un résumé d’article pour avant-hier. Tiens, moi par exemple, j’ai encore mille analyses à faire pour mon master 2, mais j’ai lu hier le bouquin « Au poil ! » de @Klaire. Voyez…

J’veux dire, c’est comme si dans ma tête il y avait un guide touristique Parisien lassé par son métier : « naaaan mais la Tour Eiffel, vous aurez tout le temps de la visiter, par contre ça serait dommage de venir à la capitale sans voir ce magnifique tronçon de périphérique. Regardez-moi ce macadam. C’est magique, écoutez ! … Traitement anti-bruit… Eh, oh, non mais vous m’écoutez ou bien ? Et ARRETEZ de regarder ce grand machin, bon sang ! Non mais c’est pas vrai ça, c’est toujours pareil avec les provinciaux : et vas-y que je te réclame la Tour Eiffel, et l’arc de Triomphe, et Notre-Dame ! Mais bordel, c’est pas ça Paris. Paris, c’est… Paris, c’est… Oh tiens, je vais vous montrer un super restaurant indien. C’est cosmopolite, Paris. Et arrêtez avec votre porte-clef, ça m’agace… »

Vous connaissez tous ça par coeur, et vos requêtes Google le prouvent.

Bref, nous avons un petit mécanisme défaillant qui nous différencie des robots, une anomalie qui nous fait réaliser les tâches sans urgence très rapidement, et les tâches urgentes « un peu après »… parfois jusqu’à dépasser la deadline. Et c’est le sujet de ce billet, qui a forcément dévié.

Dans ce billet, je voulais vous aider dans ces moments lorsque vous franchissez – avec un mutisme nonchalant – la deadline qui vous était imposée. Je comptais vous proposer quelques excuses pratiques et utiles, hiérarchisées en fonction du délai de retard. Par exemple, 1 jour de retard aurait été « désolé, mon coiffeur avait du retard » ; 3 jours, vous pouvez tenter « je me suis entraîné à être papa : j’ai pris un congés spermatozoïdes malades » ; à 6 jours, c’est facile : « pfiou, mon guide Parisien m’a fait visiter le macadam de tout le périph’, je ne m’en sortais plus »…

J’allais pousser également ce billet jusqu’aux absences : « j’enregistre un disque » marche pas mal (surtout si c’est vrai), ainsi que les classiques « séances d’aquaponey ». En terme de sport, vous n’avez que l’embarras du choix : aqua-pétanque, saut en parasol, course de fond du lit…

Tout ça aurait fait un beau billet, mais du coup ça devient trop intéressant à réaliser. Je vais plutôt le remettre à plus tard et finir de repasser mes draps de lit par application perpendiculaire de ma gravité corporelle.

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