Affiches pour le cabinet (masque, qualité de l’air) et courrie

J’ai profité du 15 août pour mettre à jour mes affiches de 2019 et 2021 pour ma salle d’attente (modification des tarifications, ajout de l’information sur le DMP, horaires, etc.)

Dans la foulée, j’ai aussi prévu de quoi remplacer mon message au feutre disant « le masque est obligatoire comme il devrait l’être dans tous les lieux de soins. Merci. »

J’ai diffusé ces nouvelles affiches sur Twitter et certain(e)s souhaitent les reprendre en partie ou totalité, donc pour simplifier et éviter de recopier, les voici ci-dessous (c’est évidemment totalement libre, faites-en ce que vous voulez) :

Je vais aussi intégrer l’aéroscore de Nous Aérons (à retrouver sur cette page) ainsi que leur rappel de réglementation pour le code de l’environnement (à retrouver là).

A noter qu’en parallèle, j’ai envoyé un courriel au maire de ma ville. Si vous voulez faire de même, voici le modèle :

Monsieur / Madame le Maire,

J’aimerais échanger avec vous sur la qualité de l’air dans les écoles primaires (maternelle et élémentaire), à la charge de la commune.

La surveillance annuelle des moyens d’aération des bâtiments scolaires devient une obligation légale avant le 31 décembre 2024 selon le Code de l’environnement (articles R221-30 à D221-38), modifié par le décret n°2022-1689 du 27 décembre 2022 [1].

Cette surveillance se fait notamment par lecture directe du taux de CO2. Le seuil à viser est de rester inférieur à 800 ppm CO2 dans des locaux occupés, afin d’assurer un renouvellement d’air satisfaisant (arrêté du 27/12/2022) ; un taux supérieur à 1500 ppm implique des mesures de correction immédiates pour le renouvellement de l’air [2]. L’observatoire de la qualité de l’air intérieur a estimé en 2017 que 3 écoles sur 4 n’ont pas de système de ventilation spécifique [3]

Une fois le “diagnostic” de renouvellement de l’air posé par les capteurs CO2, il convient d’appliquer un “traitement” efficace.

Afin d’améliorer le renouvellement de l’air dans les écoles, plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre dans les classes, salles d’activités motrices et réfectoires :

  • à long terme, des travaux sur les systèmes de ventilation (installation ou amélioration de VMC) ;
  • à court terme, l’aération manuelle guidée par des capteurs de CO2 et éventuellement le déploiement de purificateurs d’air.

Cet investissement est raisonnable à l’échelle de la commune, avec par exemple pour les capteurs CO2, 2 modèles portables bien connus, qui peuvent circuler entre les classes :

  • AURA CO2 (~200 € TTC), fabriqué en France, permettant un suivi sur place et éventuellement à distance (avec la connectivité LoRaWan)
  • ARANET4 Home (~200 € TTC), fabriqué en Europe, autre produit de référence.

Il existe aussi des alternatives murales pour une installation plus définitive. 

Investir dans ces solutions n’est pas seulement une question de conformité légale, c’est aussi et surtout une opportunité pour notre commune à différents niveaux : 

  • améliorer le bien-être des élèves et du personnel scolaire par un air plus sain, avec moins d’allergènes et produits volatils ; 
  • participer à l’éducation à la santé, à la qualité de l’air et à l’environnement dès le plus jeune âge ;
  • améliorer les performances scolaires : il est rappelé par Santé Publique France qu’un taux de CO2 plus élevé altère la concentration et les performances scolaires [4]
  • diminuer les absences des élèves et personnels à l’école, ainsi que des parents et proches (pour garde d’enfant ou maladie à leur tour) ; 
  • redonner du temps médical aux médecins généralistes en diminuant le nombre d’infections respiratoires et ainsi améliorer l’accès aux soins pour les administrés de la commune.

Je me tiens à votre disposition si vous le souhaitez pour discuter de ce sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Veuillez agréer, Monsieur / Madame le Maire, l’expression de nos salutations distinguées, 

Signataire.

Références :

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074220/LEGISCTA000024912670/ 

[2] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046830005 

[3] https://www.oqai.fr/fr/campagnes/campagne-nationale-ecoles-n01 

[4] https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/lien-entre-la-concentration-en-co2-dans-les-salles-de-classe-et-l-apprentissage-des-enfants

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Je vous demande de ne pas vous arrêter

C’est officiel, et vous l’avez lu partout : il y a trop d’arrêt de travail. Le précédent « ministre de la santé et de la prévention », Aurélien Rousseau, a déclaré sur LCI le 27 août dernier que l’augmentation des arrêts de travail en 2022 n’était « pas soutenable ». De façon cocasse, il s’inventait à cette occasion un nouvel intitulé de « ministre de la santé et des comptes sociaux », sans se rendre compte qu’oublier la « prévention » de sa fonction réelle était une des principales causes de cette situation.

En 2022, nous avons eu 5 vagues de COVID et 29,28 millions de cas recensés. Ajoutons à ça la grippe décalée de fin 2021 à mars-avril 2022, à cause de la stratégie — politiquement agile et santépubliquement stupide — du Président Emmanuel Macron de lever le masque partout en mars 2022, probablement pour ne pas en faire un sujet sa campagne éclair. Ainsi, en 2021, « les indemnités journalières liées à la grippe étaient quasiment inexistantes » selon l’Assurance Maladie (rapport « Charges et produits 2024 », page 266), et elles ont représenté 786 000 arrêts en 2022, soit 40 millions d’euros. Il s’agit néanmoins d’une paille à côté des 1,7 milliards d’euros d’arrêts de travail directement liés au COVID-19 en 2022…

… car oui, il ne s’agit évidemment que des arrêts directs et initiaux. Il y a également des arrêts directs liés au Covid Long et autres conséquences encore insuffisamment connues de cette infection. Et puis il y a les arrêts indirects, qui ne peuvent pas être perçus dans l’analyse des grandes bases de données : par exemple, lorsque sur 5 travailleurs, 3 sont absents pendant une semaine, les 2 autres augmentent leur rythme au-delà de leurs habitudes, reportent tout repos, et peuvent être amenés à se blesser (tendinopathies, lombalgies, etc.) ou à s’épuiser professionnellement, en particulier lorsque la pression au travail est trop importante (burn-out).

Jouons un peu… Imaginez ! Vous venez d’être nommé à la tête de la première assurance de France : la Caisse nationale d’Assurance Maladie. Votre objectif est simple et passionnant : bien utiliser les 250 milliards d’euros que les Français vous confient chaque année pour leur rembourser au mieux les dépenses de santé.

Déjà, vous réfléchiriez à supprimer les consultations médicales inutiles, liées à des « certificats absurdes » (arrêt de travail de moins de 3 jours, certificat d’absence pour enfant malade, etc.), comme réclamé par de nombreux médecins. Il faudrait pour cela faire jouer vos relations avec le gouvernement et la majorité présidentielle, mais ça ne devrait pas être un problème majeur de votre côté — ça l’est davantage du leur, puisqu’ils refusent d’avancer sur ces questions, en raison du refus du MEDEF et de la CPME. Il ne faut pas se fâcher avec les copains pour quelques centaines de millions d’euros d’argent public.

Ensuite, compte tenu des dépenses induites par les maladies respiratoires virales (en indemnités journalières, mais également en consultation, en tests, en médicaments, en absence enfant malade, etc.), toute personne à peu près censée s’attaquerait en priorité à ce problème. Nous avons vu en 2021 que nous pouvions (sans confinement,  « juste » avec des masques) réduire massivement les épidémies de grippe, VRS, coronavirus… Pour ceux que la santé importe peu, la gabegie financière devrait les interpeler et les inciter à re-réfléchir au port de masque dans les transports en commun, les lieux de soins a minima

Et puis bien sûr, il y a l’arlésienne de l’amélioration de la qualité de l’air — celle qui nous permettra de limiter encore le recours « actif » aux masques, par une amélioration « passive » de ce que nous respirons. Le 16 avril 2022, le candidat Emmanuel Macron annonçait à Marseille qu’il lancerait « immédiatement un effort massif de purification de l’air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite et dans tous les bâtiments publics » et que nous en verrions « les premiers résultats avant la fin de cette année (2022) ». Une promesse de santé qui a déjà rejoint celle formulée le 6 janvier 2023 lors de ses vœux : « les 600 000 patients avec une maladie chronique se verront proposer un médecin traitant avant la fin de l’année »… Finalement, il s’agirait peut-être de préciser de quelle année il est question à chaque fois (ou d’arrêter de promettre n’importe quoi, au choix). En réalité, la réglementation a changé fin 2022 pour prévoir une amélioration de qualité de l’air dans les écoles, à partir de 2024 (vous pouvez retrouver ça sur nousaerons.fr/code), mais pour l’heure, rien n’est concrètement lancé…

Voilà, ce sont probablement les premiers points que vous attaqueriez, si vous étiez à la tête de l’Assurance Maladie, ou encore ministre « de la santé et des comptes publics et de l’absence de conviction qu’il faudrait soutenir le DryJanuary ».

Mais ça n’est pas vous. L’Assurance Maladie a d’autres idées pour réduire les arrêts de travail, et on peut les lire dans une section sobrement intitulée « feuille de route pluriannuelle, ambitieuse (??) et adaptée au contexte de fin de pandémie (??!!), ayant pour objectif une reprise volontariste (??) des actions de maîtrise de l’évolution des dépenses d’indemnités journalières ». Quand le titre sent aussi bon le bullshit, prévoyez le pop-corn.

Dans ce plan « ambitieux », les dirigeants de l’Assurance Maladie visent 200 millions d’euros « d’impact financier » (comprendre économies) en 2023, et 230 millions en 2024. Ce plan « ambitieux » se décline en trois points pour les prescripteurs. Le premier est de contrôler et accompagner les médecins « prescripteurs atypiques » : les 10 % des plus prescripteurs doivent redescendre vers la moyenne, afin que les 10 % suivants puissent faire de même, et ainsi de suite. Le deuxième est le contrôle des arrêts de travail en téléconsultation pour des patients non connus (bref, lutter contre les télécabines de SNCF et autres qui sont autorisées et survalorisées financièrement par rapport à une activité classique de médecine générale). Le troisième point est le déploiement « de campagnes ciblées sur des thématiques nouvelles à forte plus-value » — dès l’intitulé, on sent que ça va être de qualité, évidemment. Ils précisent entre parenthèses : « campagne des délégués de l’Assurance Maladie vers les prescripteurs les plus concernés par des arrêts de travail prescrits pour motifs liés à la santé mentale ».

Et justement, j’ai eu la chance de bénéficier de cette campagne, avec 2079 autres confrères !

https://twitter.com/mimiryudo/status/1732007034537586758?s=20

J’ai détaillé dans ce fil Twitter le contenu de la fiche qui m’a été remise, en expliquant l’incompétence rare avec laquelle ces statistiques ont été produites au niveau national.

Pour illustrer un peu, ils ont extrait les arrêts de travail « réalisés en ligne » pour « trouble anxio-dépressif mineur » au second semestre 2021, pour les médecins ayant « au moins 10 patients concernés sur la période ». Ils n’ont pas tenu compte du nombre de patients (un médecin avec 500 ou 1500 patients sera traité de la même façon), du nombre de patients en affections longue durée, du niveau socio-économique (avec des scores validés), ou encore des autres motifs d’arrêt de travail.

A titre personnel, j’ai été ciblé par cette action parce que sur 6 mois, j’ai prescrit 668 jours d’arrêt sur ce motif à… 13 patients (sur 1300). Soit 51 jours par patient contre 22 en moyenne. Concrètement, ils ont surtout identifié des habitudes différentes d’utilisation des cotations (par exemple, si je fais l’arrêt depuis le site de l’Assurance Maladie, je peux mettre un « trouble anxieux », « trouble dépressif », « trouble anxio-dépressif mineur » ; si je le fais depuis mon logiciel, ce qui est plus rapide, je n’ai pas « trouble anxieux » et juste les 2 autres…). S’ils avaient bêta-testé leur extraction de données avec des médecins exerçant la médecine générale, peut-être qu’ils auraient eu un retour pour leur dire qu’ils étaient en train de faire n’importe quoi. Ce document d’information extrait nationalement pour 2080 médecins comporte d’autres dingueries, puisqu’ils ont fait des statistiques sur 13 patients… puis sur 4 (m’annonçant par exemple que parmi les 4 patients ayant eu un arrêt de plus de 30 jours, 75 % — donc 3 —ont vu au moins une fois un généraliste…).

Le document explique aussi doctement que le second semestre 2021 était « à distance de la période COVID » : c’est vrai, il n’y a eu que 3,2 millions de cas et 10 000 morts recensés du COVID sur ce semestre. C’est quoi 3,2 millions de personnes infectées en France après tout ?! Sur les 6 mois, par rapport aux décès attendus, l’Insee a recensé une surmortalité de +0,8 % en juillet, + 8,9% en août, +7,1% en septembre, +5,4% en octobre, +6,4% en novembre et +14,6% en décembre, en lien avec les 4ème et 5ème vagues de COVID.

Cette campagne d’information montre la totale nullité de l’Assurance Maladie pour les « délits statistiques », la perte de temps et d’argent pour rencontrer 2080 médecins sur des données aussi fumeuses…

Bien sûr, l’Assurance Maladie se défend en expliquant qu’il s’agit juste d’une information — après avoir ciblé 6 mois plus tôt les 5000 médecins les plus prescripteurs d’arrêt de travail, c’est audacieux. Par ailleurs, personne n’est dupe : leur document « Charges et produits 2024 » en fait d’ailleurs un des leviers pour atteindre les 200-230 millions euros « d’impact financier ».

En tout état de cause, je souhaite une bonne chance à l’Assurance Maladie dans leur démarche.

Cibler, c’est stigmatiser. Vous aurez beau assembler des mots et en faire une ambition de reprise volontariste de maîtrise de l’évolution de votre bullshit, cibler les arrêts de travail pour santé mentale, ça n’est que le reflet d’une pensée qui n’a absolument rien de complexe à décrypter.

Addendum. Et pour mettre dans un contexte plus large, par rapport à la pseudo-interview du Président hier soir :

https://twitter.com/mimiryudo/status/1747496841367707920?s=20
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About the collective interest in licking metro bars to pay off our national immunity debt

The notion of ‘immune debt’ originated in France and has been repeated ad nauseam internationally, despite the absence of any serious scientific basis. It annoys a large number of scientists around the world.
On 6 January 2024, I published a reasoning by absurdity in the Journal International de Médecine (which in its time had a section called ‘Pitres et travaux’ where Georges Perec had published his famous canular Experimental Demonstration of the tomatotopic organization in the Soprano (Cantatrix sopranica L.)). Here is the English translation, with an attempt to translate some of the puns…
Happy reading – consider this the unofficial French apology for the immune debt theory, you’ll never get the official one.

Available on ResearchGate (and currently being moderated on HAL).

Outreau, Saturday 6 January 2024. To explain the upsurge in viral and bacterial infections, some scientists advocate the concept of « immune debt ». However, in the light of reality, others are calling for the utmost reserve when it comes to this unproven theory. This is the case in particular of Dr Michaël Rochoy, a general practitioner, who has submitted a mock article to JIM, in tribute to the ‘Pitres et travaux’ section, to illustrate by absurdity the limits of this concept of debt…

The french version is available on: JIM.fr – Journal International de Médecine

By Michaël Rochoy1

1General Practitioner and Independent Seeker of Science, Ankh-Morpork, France

INTRODUCTION 

According to some French scientists in 2020, children were not contaminated by COVID-19 [1–3], and did not contaminate teachers or parents [4]. At the time, the Haut Conseil de la Santé Publique also praised the excellent sense of responsibility shown by SARS-CoV-2, which was transmitted in the « adults -> children » direction, with little or no transmission in the other [5]. Based on international publications [6,7], a quarter of French GPs insisted on the role of children in the dynamics of viral transmission; their dissenting opinion was quickly brushed aside as it is well known that these doctors never see children or families [4,8]. Furthermore, it has been decided that the name SARS-CoV-2 should no longer be uttered, because well, that’s enough for a while, then it monopolises attention – oh look, here’s a Mycoplasma among 36 of these Viruses-With-No-Name, that must be the one causing so many problems [9].

On 13 October 2020, in an impassioned appeal to « trust learned societies » and « limit controversies linked to messages without in-depth scientific argument », some paediatricians urged children not to wear masks [4]. It took 17 days for them to give a diametrically opposed opinion, welcoming the political decision taken the day before to impose masks from the age of 6, « an important measure to take to protect teachers and children » [10,11]. In 2021, the same scientists decided to opt for a Schrödingeresque double standard: in February, they declared that « the wearing of masks was justified a posteriori » [12], and in June, that « putting children through such a trick (the mask) makes no sense » because children can be contaminated but not transmit the virus (again thanks to MagicTM). They concluded that « in the end, the virus will kill very few children at school and, even if it were circulating, it wouldn’t be dreadful » [13–15].

It is in this context of consistency with the foam supplement concerning preventive measures that these authors have finally proposed – without any in-depth scientific argumentation – the hypothesis of « immune debt » due to « reduced immune training » and « greater susceptibility to infections » [16].

According to this theory, the confinement from March to May 2020 and the wearing of masks by children between October 2020 and October 2021 would have indebted the population to certain pathogens, and we would have to pay back the following years [17]. So the masks, initially declared useless, masked their antics and turned out to be powerful instruments for sanitising the environment, with consequences lasting several years! At a congress in May 2023, which devoted an entire session to the immune debt, it was also estimated that « it is now possible that the post-pandemic immune debt will have killed (sic) more children than Covid itself” [18]. The undeniable quality of this storytelling and the aforementioned undeniable scientific rigour lead us to staunchly support this immune debt theory. It is absolutely clear that a pandemic with a new virus infecting billions of human beings every year cannot be responsible for anything: the real culprits are the measures taken to reduce infections.

So let’s take it for granted that if we want to be less sick thanks to our immunity, it’s important to be more sick. The question now is how to think about public health in 2024 with this new « immune debt » theory.  

Our aim here is to list five strategic measures for reducing health risks that we believe must be deployed at national and international level.

MATERIALS AND METHODS

We planned to carry out a meta-analytical epidemiological cross-sectional etiological cost-effectiveness literature review, but as that didn’t make sense either, we decided to do a Delphine round instead. The principle is similar to that of the Delphi round, but only with people named Delphine, since it has previously been shown that their opinions were frankly of rather high quality [19]. Through these rounds, the mindset aimed to maximise macronist disruptivity, a real springboard to be able to shake up certainties, in a win-win and synergetic entrepreneurial spirit [20]. To achieve this, the humidodigital technique was used in an approximate way, in accordance with the vague recommendations of the French Pifometry Society, widely followed by the current government [21].

We also contacted our banker to find out the current debt rate and the key rates for the coming year. After a long discussion with a passionate and convincing professional, we did not get an answer, but were able to open an igloo savings plan (equivalent to the home savings plan, but with better interest rates and a slightly more limited range of home ownership options).

A notary was also consulted, and advised us to « use our fruct » – particularly oranges – to boost our immune system.

This work was funded by the funeral home Bigdodo and Beurkbeurk® spray. He received approval from the Mormal Forest’s Ethical Ticks Committee.

RESULTS

The authors have listed 100 key measures to boost immunity and help pay off the debt. After 3 rounds of nocturnal rounds, a few enlightened people came up with 5 key proposals, aimed at giving us a brighter future.

The first measure is to lick one or two metro bars a month to boost your immune system.

To ensure that the debt is gradually repaid in equal monthly instalments, and so as not to overburden the hospital (town medicine is of little importance), there will be an organised licking based on the first letter of the surname. People whose surnames begin with the letters A to E will have to perform their task between the 1st and 5th of the month, and so on up to the letter Z. On the last 2 to 5 days of the month (27, 28, 29, 30 and 31), we will recontaminate the bars that have been over-cleaned on the previous 25 days, using 250 ml of Beurkbeurk® spray per bar. 

In order to create jobs, this practice will be reversed in odd-numbered months (except for particle names), and a green (quasi-toll-free) number will of course be set up to respond to any citizen wishing to know their exact licking schedule.

For people who live a long way from a metro bar and do not have the financial resources to order one for their own use, we propose licking bus, tram, train or trolley bars…. Figure 1 shows a comparative analysis to help users find their way around. 

Failing access to public transport, our group recommends licking door handles in motorway service stations, supermarkets and health centres, or spending 20 minutes in a French nursery school classroom. As such, teachers will be exempt from this barredemetro-mediated stimulation of their immune system, and each of them will be able to receive a Léchion d’Honneur (to be ordered from the Monnaie de Paris website, at the recipient’s expense).

Figure 1. Heat map of handrails on 5 types of public transport, and proposed new logo for France Transport

The second measure is to reduce the wearing of masks in public places. It is important to ensure that no political figure wears a mask during public ceremonies, to avoid inciting crowds to this practice: prevention ideas must not contaminate people, only microbes have that monopoly. Recommendations to wear masks can be maintained on principle, but without ever ensuring or worrying about their follow-up. The efforts currently being made in this area are highly appreciated by the authors, as is the lack of investment in improving air quality: put together, all these ‘nothings’ will make it possible to get out of debt with viruses, bacteria and other pathogens more quickly.

The third measure is to put an end to the unsustainable debt acquired over the last few decades in terms of sexually transmitted infections, which could be seen, for example, at the end of 2023 in Finland with the increase in cases of syphilis (linked to the flapping of a butterfly’s wings during confinement in France in 2020). Other pathogens are also concerned. It seems clear that if we do have a debt on our hands, it’s the clap: we’re going to honour the debt of gonorrhoea.

The fourth measure is to reduce the quality of drinking water in France, and to stop all assessment. We breathe what we breathe and we drink what we drink: that’s how our ancestors lived, and they were no worse off for it, since they invented fire, the wheel and writing, whereas today’s young generation spends all their time in front of video games or dancing to their TrukTok.  

Generally speaking, the authors recommend that we actively combat the hygiene lobbies. It is vital to put an end to these warnings about contaminated products, on the pretext that they cause collective food infections. This stigmatisation of Salmonella, norovirus or Clostridium is no longer tenable in 2024: after all, these viruses and bacteria have the right to reproduce. We all need to train our immune systems, otherwise we risk creating a « 3i generation » (with Immune Incompetent Intestines)… Generally speaking, advertising campaigns for hygiene products should be better controlled to avoid encouraging their consumption. A strong health insurance campaign should be run: « soap is a no-no ». Hand washing should be restricted, particularly in public toilets and schools. With a little ambition, by 2030 we could have the first soap-free generation: some public places are ahead of the game and have shown that this is a realistic and easily achievable measure.

The fifth measure is to incorporate more parasites into our immunity, so that we can pay off our debt more quickly and reduce the interest burden. To do this, we propose that mutual insurance companies remove the reimbursement for dental treatment to maximise the development of bacteria in the mouth, and reinject the savings made by organising organised trips to malaria zones. We also propose that every household should take in a pet parasite: a scabies, a louse, a taenia, it’s a light-hearted way of doing our bit to pay off a debt that we all have to bear. Finally, we think it’s essential to increase the circulation and free trade of our immune resources: repaying the debt will be that much smoother. While the fist or elbow greeting was a hygienic measure against conviviality, the reintroduction of the kiss is only the first step in accelerating the repayment of the debt. It would be useful to promote the French kiss as the only way to greet each other; there is no doubt that this ‘Gallic’ practice will find widespread support, at least initially.

DISCUSSION

We propose 5 measures aimed at maximising infections today, in order to benefit from an immunity that will enable us to limit infections tomorrow.

There are few studies in the literature to validate our proposals, which means that we are in the process of creating a new disciplinary field, and that we are therefore on the right track. On the contrary, the scientific literature indulges in an incredible number of articles aimed at limiting infections, for trivial reasons of morbidity and mortality [22,23]. These articles ignore two things: firstly, the importance of repaying one’s debts; and secondly, the fact that death is just another debt (except that it is only payable once). 

There are so many strengths in our work that it seems pointless to go into them in detail, since they are so obvious. Note that this time, no scooters have been mistreated [24] and that no expenditure was incurred for the publication [25]. Its main limitation is perhaps that it was written in 2 hours; however, great theories are not measured in time spent, but in the ability to hammer them home, with an air of conviction, appealing to common sense. In fact, it was better before, as Delphine explained to us during one of our rounds [26].

Like all great advances, the immune debt theory has been criticised on the grounds that it suggests a weakening of immunity at an individual level, for both the adaptive and innate systems [27,28], or that it systematically excludes the possible role of the Virus-Whose-Name-Shall-Not-Be-Named, which regularly infects (almost) the entire population, with acute and chronic consequences [29,30]. France has already made a name for itself internationally with hydroxychloroquine [31]: It would be a shame not to surpass the success in the year of the Paris 2024 Olympic Games, with a new theory encouraging the lifting of barriers and the exposure of children.

Other critics say that the immune debt theory does not stand up to a 5-minute reality check. For example, according to data from the PARI paediatricians’ network, the number of cases of bronchiolitis in 2020-2021 was no less (but more spread out) and we are therefore repaying in 2022 and 2023 a debt that we did not contract: what is the Minister of the Economy doing? The Streptococcus A debt can also be considered an absurdity for a bacterium found in the pharynx of around 15% of children over the age of 5 [32] ; the resurgence in cases of invasive Streptococcus infections (also seen in countries such as Sweden which have not applied containment measures) may be explained by the increase in viral infections, particularly by the Indicible Mysterious Virus®, which alters the mucosal barrier of the pharynx and facilitates the translocation of bacteria carried in this area [33]. 

Our explanation for all these criticisms is that reality is wrong in choosing not to apply the immune debt theory. We owe it to ourselves to collectively adopt this exciting concept: a theory that suits political decisions is preferable to a gloomy and unimaginative reality, of which we must be wary. It is by reinventing ourselves that we can best justify past decisions; if necessary, we can add new extension packs to the inadequate immune debt, such as « immune co-debt » or « indirect immune debt » [34].

CONCLUSION 

Avoiding infection today means risking illness tomorrow. On the contrary, to be ill today is to avoid being ill tomorrow – particularly if you die first. So, to achieve the objective of being less ill, it is important to be more ill. In very concrete terms, « win the immunity needs the virus to win against the virus ».

In this article, we are proposing a new model for society, free of deleterious hygienic considerations. Our 5 measures are easy to put in place, and will result in substantial savings for society, particularly on pension schemes. 

Furthermore, based on the elementary principle that « he who pays his debts gets richer », the repayment of our immune debt will enable us to increase GDP and invest massively, for example in new metro bars and Beurkbeurk® sprays. 

Finally, collectively adopting this theory of the immune debt will also allow us to validate a posteriori certain scientific-political choices from 2020 to 2024, to avoid investing in the fight against COVID-19 and other respiratory infections, to avoid launching a plan to improve air quality, and to stop talking about masks in healthcare environments or on public transport, to feed the narrative about the end of the pandemic, which the WHO has never declared, while of course continuing to express our annual indignation at the incomprehensible increase in the expected number of deaths (mysteriously correlated with waves of the Virus-Hush-Hush-You-Know-Not-To-Be-Noticed [35]) or the « untenable » increase in the number of work stoppages.

ACKNOWLEDGEMENTS 

The author would like to thank those who fight disinformation on a daily basis, by whatever means, and hopes that the next Minister of Health will finally do her part.

Thanks also to Beurkbeurk® sprays: could we get a new Le Creuset casserole, as the previous one has become a bit sticky over time?

REFERENCES

[1] Guen CG-L, Hankard R. Covid-19 et enfants : « il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour les plus jeunes ». The Conversation 2020. http://theconversation.com/covid-19-et-enfants-il-ny-a-pas-de-raison-de-sinquieter-pour-les-plus-jeunes-138134 (accessed December 16, 2023).

[2] Cohen R, Jung C, Ouldali N, Sellam A, Batard C, Cahn-Sellem F, et al. Assessment of SARS-CoV-2 infection by Reverse transcription-PCR and serology in the Paris area: a cross-sectional study. BMJ Paediatr Open 2020;4:e000887. https://doi.org/10.1136/bmjpo-2020-000887.

[3] Colson P, Tissot-Dupont H, Morand A, Boschi C, Ninove L, Esteves-Vieira V, et al. Children account for a small proportion of diagnoses of SARS-CoV-2 infection and do not exhibit greater viral loads than adults. Eur J Clin Microbiol Infect Dis 2020;39:1983–7. https://doi.org/10.1007/s10096-020-03900-0.

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(Image en avant : Photo de Towfiqu barbhuiya sur Unsplash)

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Y’a-t-il assez de généralistes pour former des généralistes ?

Clairement, non. Mais on va détailler, surtout dans un contexte d’ajout d’une année de formation (DES à 4 ans au lieu de 3 ans). J’ai déjà exposé à plusieurs reprises ici mon avis sur la 4ème année de médecine générale, notamment sur ce billet-ci en 2016, ce billet-là en 2019 ou encore dans celui d’hier. Pour faire un résumé rapide de ces 3 billets sur mon avis personnel :

  • Le DES en 4 ans ça a été un projet de 2008 à 2023 ;
  • Les enseignants ont toujours été pour ; les internes ont toujours été contre dans les sondages (leur intersyndicale INSNAR étaient plutôt pour) ;
  • Les politiques ont vu ça comme une opportunité d’avoir des internes « dans les territoires » en priorité (l’avis contraire des étudiants ou enseignants ne les ayant pas empêché d’adopter ça au Sénat en octobre 2022) ;
  • La 4ème année de DES de médecine générale a quand même été adoptée avec l’article 49.3 en décembre 2022, ce qui est une belle preuve du mépris de ce gouvernement pour les internes de médecine générale (en grève ponctuellement pendant les 2 mois qui ont précédé) ;
  • L’argument principal était d’avoir une aussi longue durée que les autres DES (discuter la quantité sans questionner la qualité…) ;
  • Un autre argument est d’espérer que ça incitera à l’installation : pourtant les enquêtes sur les déterminants à l’installation sur 15 000 jeunes médecins ne retrouvent pas « il me manquait une année », ce sont les conditions de vie qui guident surtout l’installation (famille, infrastructures, rythme de travail, environnement…)
  • Enfin, à ma connaissance, rien n’est prévu pour évaluer. Sur les 15 ans de discussion, on parle d’un « niveau de compétence non atteint », d’internes qui « ne s’installent pas à cause d’une situation professionnalisante insuffisamment longue »… sans préciser combien actuellement, combien sont attendus après. S’il n’y a pas d’objectif préalable, comment juger de l’efficacité de la mesure a posteriori ? Peut-on ajouter une année à 3 500 internes, qui vont chacun « perdre » environ 30 000€ par an (à la louche, entre un salaire d’interne et un salaire d’un an d’exercice), pour un profit qui reste assez hypothétique ?

Que veulent les internes ?

Globalement, si on écoute les internes (un choix disruptif), leurs demandes sont :

  • + de cours sur la prise en charge médicale en médecine générale
  • + de cours sur la gestion du cabinet
  • + de cours sur la prise en charge sociale en médecine générale
  • – de traces d’apprentissage (journal de bord, RSCA, etc.)

C’est le cas à Paris en décembre 2021 par exemple.

A Lyon, en 2019, l’apprentissage par compétence était jugé trop abstrait (80 %), trop rigide et scolaire (79 %), en décalage avec la pratique courante (63 %) ; ils étaient 82 % à souhaiter plus de cours théoriques et 80 % à souhaiter des cours en ligne (MOOC ou autre).

Concrètement, dans les études (thèses) qui ont été menées sur l’évaluation du modèle pédagogique en médecine générale, les étudiants sont majoritairement en désaccord avec ce qui est proposé (cf. par exemple cette partie « discussion » de la thèse de 2016 de Céline Lajzerowicz en Aquitaine).

Qu’est-ce qui peut expliquer ce « désamour » pour le modèle pédagogique de médecine générale ?

Une des raisons souvent évoquée est le « changement de paradigme » où pendant l’externat il y aurait des « cours descendants » (magistraux), et le fait que les internes n’aimeraient pas passer à des « cours horizontaux » (groupes d’échanges de pratiques) où l’enseignement est en fait un animateur, face à des internes qui apprendraient ici à s’auto-former, et faire preuve de réflexivité pour continuer à s’améliorer ensuite toute leur carrière durant.

Sauf qu’en fait, l’externat c’est quelques ED et surtout des énormes bouquins à s’enfiler tout seul après le stage, le soir et le week-end. En arrivant en internat de médecine générale, on fait déjà beaucoup d’autoformation et on fait ce qu’on peut pour s’améliorer.

Un problème à mon sens est surtout que les enseignants de médecine générale n’ont pas vraiment le choix… Les « traces d’apprentissage », les « récits de situation cliniques authentiques » ça permet de plus ou moins évaluer massivement des centaines d’étudiants par quelques enseignants, qui peuvent le faire soir et week-end. Les groupes d’échange de pratique, ça permet d’assurer beaucoup d’heures d’enseignement sans nécessité d’une (inatteignable) expertise sur tous les sujets. Bref, outre l’intérêt pour le modèle pédagogique proposé, il ne faut probablement pas perdre de vue qu’il a probablement aussi été déployé et maintenu par manque de moyens.

Autrement dit, si nous avions 6 fois plus d’enseignants en médecine générale dans chaque faculté, est-ce qu’on resterait sur le modèle des GEP et traces d’apprentissage, ou est-ce qu’on chercherait davantage à répondre aux attentes des internes, au moins en parallèle ? (A mon avis, il y aurait plus de cours dispensés en 1er et 2ème cycle par des enseignants de médecine générale, qui seraient remis à disposition des internes par exemple ; et j’imagine qu’il y aurait bien plus de facilité pour proposer des formations facultatives — ce qui est peu envisageable avec les effectifs actuels).

Rappelons ici qu’une des motivations à avoir un DES en 4 ans est l’idée qu’après 3 ans d’internat, le « niveau de compétences » des internes serait insuffisant (sur la base d’une évaluation que j’ignore). Ce niveau sera-t-il suffisant après une quatrième année, avec le même modèle pédagogique ?

Mais est-ce que nous avons assez d’enseignants actuellement ?

En médecine générale, nous avions en 2020 un ratio de 320 enseignants / 9500 internes (soit 30 internes par enseignant) :

  • 3177 internes x 3 promos, soit 9500 internes (et bientôt 3000 de plus donc)
  • 139 professeurs (47 PU et 92 associés)
  • 181 maîtres de conférence (44 MCU et 137 associés)

Prenons un exemple avec une autre discipline (en fait 2 spécialités) ayant un nombre proche : la radiologie et médecine nucléaire, qui a un ratio de 310 enseignants / 1400 internes (soit 4,5 internes par enseignant titulaire)

Notons ici que le statut d’associé est différent, car non titulaire, avec nomination pour 3 ans renouvelable 2 fois (9 ans pour chaque statut). Les associés sont indispensables pour faire tourner les départements de médecine générale (et il en manque) mais leur statut est plus précaire pour construire une filière universitaire sur du long terme. Comme le disait l’état des lieux du CNGE 2011 : « Le statut d’enseignant associé existait dans l’université et était souvent destiné à rémunérer des enseignants exerçant des fonctions d enseignement temporaires, par exemple des enseignants étrangers recrutés pour leurs compétences spécifiques. Ce statut a été utilisé pour permettre aux enseignants de médecine générale, dont le travail était essentiel pour structurer surtout le 3ème cycle de médecine générale, d’avoir un poste et une rémunération universitaires. »

En « universitaire », on est à 91 PU/MCU contre 310 en radiologie/médecine nucléaire, pour 6,8 fois plus d’internes à encadrer. (Et je n’ai rien contre les spécialités choisies, c’est juste parce que c’était à peu près le même nombre d’enseignants au total… c’est pareil ailleurs).

Et la ministre a annoncé (en grande pompe) que le ratio ne changerait pas pendant 5 ans…

La ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a annoncé en clôture du 40ème congrès du Collège National des Généralistes Enseignants, à Lyon la semaine dernière, un plan de recrutement dans le cadre de l’ajout de la 4ème année de médecine :

  • « de nouveaux moyens dans les services administratifs pour le suivi des internes de médecine générale« ,
  • et « la création de plus de 200 postes d’enseignants-chercheurs en médecine générale, universitaires et associés, sur les 5 années à venir« .

Faisons un rapide calcul :

  • A partir de la promo 2023, l’internat de MG passe de 3 ans à 4 ans (x 1,33 étudiants).
  • D’ici 5 ans, on passera de 550 enseignants actuellement à 750 enseignants (x 1,36 enseignants)

Sylvie Retailleau a donc annoncé que le ratio enseignants / étudiants ne bougera pas… voire sera pire entre 2026 et 2028, avant de retrouver son médiocre niveau actuel à 5 ans ! C’est une stagnation des effectifs qui relève purement et simplement du foutage de gueule pour la discipline.

Et encore, non seulement de façon générale, cette annonce est déjà très insuffisante (voire daubée) mais en plus, le diable est dans les détails :

  • est-ce qu’il a été donné un détail dans les PU, MCU, PA, MCA, CCU et AUMG ? Parce qu’on peut augmenter les postes de CCU/AUMG sans augmenter les postes plus pérennes de maîtres de conférence et professeurs, perturbant toute perspective de développement de la filière universitaire de médecine générale pour encore quelques décennies en France ;
  • elle est restée floue sur l’augmentation prévue « dans les services administratifs » où là aussi, il faut logiquement faire + 33 % pour simplement conserver le niveau actuel

Voilà. Quand vous lirez « 200 postes pour la médecine générale universitaire », rappelez-vous qu’on a le pire ratio enseignants / internes toute spécialité confondue, et que le gouvernement a juste annoncé que ça ne changerait pas avant 2028

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Le DES de médecine générale en 4 ans : historique de 2008 à 2023

(Ce billet est la reproduction actualisée de mon fil Twitter de septembre 2022).

Bon, un thread sur la fameuse « mesure phare » d’ajouter 1 an d’internat pour aller sauver les déserts médicaux… Depuis quand ça date, quels ont été les nombreux arguments (et critique de ceux-ci).

Historique… qui remonte à 2008 ! 🧶

2008 à 2015 : et si on faisait un DES à 4 ans ?

2008 : @ISNARIMG discute un internat en 4 ans pour :
– avoir la même taille que les autres spés (😬)
– permettre un DESC qui ne rogne pas (gériatrie, urgence… argument qui n’a plus lieu depuis la disparition des DESC)
– être plus professionnalisant

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2012 : la Commission de la vie de l’étudiant écrit : « pour un DES en 4 ans, il est suggéré d’introduire une formation en management, droit, SHS afin d’apporter des compétences adaptées à leurs futures missions ».
(Et compta, administratif ? Non…🤦‍♂️)

2015 à 2018 : les enseignants disent « oui mais », les étudiants disent « non »

2015 : @CNGE_France et @LeSNEMG militent pour un DES en 4 ans. 5 arguments principaux qu’on va détailler (et commenter) dans les 5 tweets suivants…

1. « mettre en place une formation réellement professionnalisante »

Ah, on va apprendre à être « chef d’entreprise » la 4ème année ?
En quoi on l’apprendrait mieux en étant interne que collab/associé/autre ?
Plus professionnalisant que 6 mois de SASPAS, c’est installé pour moi…

2. « parfaire la formation des futurs médecins généralistes de demain »

Primo il manque d’enseignants en MG (et aucune perspective de recrutement).
Secundo, le modèle des MG c’est ✨la réflexivité✨… un interne qui se forme lui-même mais qui a besoin d’une 4ème année ?

3. « qualifier des professionnels aptes d’emblée à assurer les missions de soins primaires dans les territoires » et « proposer une maquette de stage plus riche en stages ambulatoires. »

Super projet, faisons ça sur les 3 ans d’internat déjà : passons de 2 à 3 stages ambulatoires.

4. « harmoniser la formation de médecine générale avec les autres spécialités ».

Ca, c’est vraiment un concours de taille… On peut aussi dire que notre formation est plus efficiente si elle tient en 3 ans que 4.
Et puis quelle est la limite : pourquoi 4 si 5 ou 6 c’est mieux ?

5. « assurer des soins de qualité pour l’ensemble de la population, lutter contre les inégalités sociales et géographiques de santé »

Absolument aucune preuve qu’une 4ème (5è…) année augmenterait le nombre d’installations, la qualité des soins ou la lutte contre des inégalités.
A noter que finir plus tard ne permet de s’installer plus tôt…
D’ailleurs les installations se sont fait de plus en plus tardives au fil des années et avec les allongements de l’internat (2 ans avant 1997, 3 ans depuis 2001).

2015 : @SNJMG dit « oui, mais… » et réclame :
– 2 semestres pour gynéco/ped (au lieu d’1)
– SASPAS systématique (déjà le cas)
– faciliter la recherche/inter-CHU
– lever « les dernières discriminations injustifiées entre la MG et les autres spécialités »

2018 : @ISNARIMG dit « oui mais » s’il y a :
– une formation optimale : nombre suffisant de stages ambulatoires (MSU), et d’enseignants généralistes
– une révision de toute la maquette pour s’adapter au parcours de formation de l’étudiant

En 2018 et 2019, environ 70 % de 175 et 825 médecins (a priori non représentatifs de quoi que ce soit) étaient contre cette 4ème année (respectivement @EgoraInfo et @LeGene_hebdo).

2019 : le CNGE trouve que la formation est insuffisante, les étudiants ne veulent toujours pas d’une 4ème année

2019 : le @CNGE_France souhaite augmenter l’internat à 4 ans, et voit ça pour 2021 !

3 arguments principaux sont avancés dans l’article en lien :

1. ‘ »Sur le plan pédagogique, la formation en DES de MG est actuellement insuffisante en 3 ans ».

Quels objectifs ?
A combien d’internes « incompétents » sommes-nous avec un internat à 3 ans ? (comment c’est défini ?)
A combien voulons-nous être avec un internat à 4 ans ?

Nous sommes en 2023, le DES à 4 ans a été validé, et à ma connaissance, aucune de ces questions n’a de réponse. On peut donc directement réfléchir à un DES à 5 ans sur le même argument : « 4 ans ça n’est pas assez par rapport à 5 », et enchaîner avec 6, 7, 8 ans… tout en prônant la réflexivité et la formation continue.

2. « N’étant pas en situation professionnelle pendant une longue durée, beaucoup d’internes ne se sentent pas prêts à s’installer »

Comme mentionné plus haut, @ordre_medecins a interrogé 15300 jeunes MG en 2019 : 75 % aspirent à l’installation, 35 % le font à 5 ans de rempla…

Dans la même enquête, les 2 grands déterminants à l’installation étaient :
– des services publics ;
– la proximité familiale.

Ce qui permet de se rendre compte que les internes et jeunes médecins sont en réalité des êtres humains normaux. C’est d’ailleurs bien illustré avec l’installation à proximité de la faculté, où il y a des services publics et où les internes, à 27-28 ans en sortie d’études, ont généralement commencé à avoir une vie familiale, amicale, etc. Notons que « se voir imposer un lieu pour boucher les trous » n’apparaissait pas en tête, désolé pour les députés qui continuent à croire à la coercition.

3. « La gestion du cabinet, c’est un peu un fantasme. Les médecins ont des comptables. L’apprentissage de la médecine, ce n’est pas l’apprentissage de la comptabilité. »

Ca n’est donc pas si clair si c’est un semestre « professionnalisant » avec la gestion du cabinet ou pas…
(En vrai, je suis un peu d’accord : chaque MSU le fait d’une façon différente… l’interne n’aura pas toujours une vision flatteuse de ce backstage du cabinet et ça sera autant incitatif qu’un frein, selon le niveau de procrastination et de propension à être débordé du MSU…)

Il y a aussi dans cette interview, l’assurance que « les internes de serviront pas de bouche-trou : nous avons des MSU formés »…

Regardons maintenant les avis d’internes :
en 2008, 52 % de 923 internes étaient contre
en 2013, 55 % de 1 508 internes étaient contre (voire 60 % pour ceux ne voulaient pas de DESC…)
en 2018, 78 % de 664 internes étaient contre (39 % contre, 39 % d’accord si la 4ème année est optionnelle)

Donc la situation fin 2018 :
– les internes sont contre
– leur intersyndicale associative est plutôt pour
– les enseignants sont pour
– les politiques comprennent rien mais s’ils peuvent dire à leurs administrés « j’ai trouvé des médecins pour vos campagnes », ça les branche…

2019 : nouvel argument : une 4ème année « pour les territoires »

En mars 2019, le CNGE aborde un nouvel argument : « l’augmentation du nombre de MSU (10700 dont 9100 pour le 3ème cycle en 2019) va permettre la mise en place de la 4e année du DES de médecine générale : c’est une solution attractive forte pour l’exercice dans les territoires.« 

En juin 2019, un amendement est déposé au Sénat pour que « la dernière année du troisième cycle (soit) une année de pratique ambulatoire en autonomie, en priorité dans les zones (où l’offre de soins est insuffisante). »

Aussitôt, les boucliers sont levés en guide de réponse au Sénat :
pour @ISNARIMG : « Le Sénat marche sur la tête et préconise de brader la formation des médecins ! »
pour @LeSNEMG : il faut un projet ambitieux de 4ème année :
pour @CNGE_France : la « solution aux problèmes démographiques pour les patients est la 4e année du DES de MG dans les territoires », en précisant que cet amendement est une très bonne idée, mais inapplicable et dangereux pour la formation sans 4ème année.
– enfin @agnesbuzyn, ministre de la Santé en 2019, se disait défavorable « pour l’instant » à une 4ème année de MG pour l’instant, en absence de consensus.

2022 : le « quiproquo » des étudiants dans les déserts

Et donc… nous voici en septembre 2022 avec une séquence de communication politique ridicule, comme les Macronistes en ont l’habitude (en gros, on teste dans la presse, et si jamais ça se passe mal on dit que les gens n’ont pas compris).

Le 23 septembre, le JDD titre « EXCLUSIF. Le gouvernement va envoyer de jeunes médecins généralistes dans des déserts médicaux » : « Les étudiants seront encouragés à aller exercer dans les territoires les moins bien dotés en médecins, à la campagne, centres-villes ou banlieues. « C’est le levier le plus rapide qu’on ait trouvé pour améliorer l’accès aux soins » ».

(Rappelons ici que s’il y a des zones sous-dotées, c’est lié aux politiques de santé imprévoyantes des 3 dernières décennies suivant le raisonnement hautement malin : « pas de médecin, pas de dépenses de santé, donc des économies »…)

Dans la majorité parlementaire, toujours pas de consensus apparemment… certains craignent découragement et « perte de vocation ».

Le 25 septembre, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, détaille ses motivations :

C’est un festival d’approximation :
– « c’est la seule spécialité à 3 ans » (toujours le concours de celui qui pisse le plus loin)
– « sans la phase de consolidation, ils ne peuvent pas exercer en autonomie supervisée » : on a depuis des années un SASPAS qui veut littéralement dire « stage (ambulatoire en soins primaires) en autonomie supervisée… »
– « cette absence de phase de consolidation est une faiblesse qui ne favorise pas une installation immédiate » : rien, nulle part, personne ne peut dire qu’avec une année de plus, les internes s’installeront plus vite ! On l’a même vu plus haut, c’est sûrement l’inverse…
– « ce sera encouragé dans les territoires les moins pourvus ».

Le 2 octobre, suite de la séquence de communication poliitque donc, avec cette fois François Braun, l’oubliable ministre de la Santé de l’époque, qui répondait dans Ouest-France que « ce ne sera pas une 4ème dans les territoires »…

… puis le 18 octobre 2022, @BrunoRetailleau a fait adopter au Sénat une proposition de loi pour que la 4eme année soit dans les déserts médicaux.

A noter ici qu’en 2026, la France sera un désert : c’est encore le creux de la démographie médicale
Et pour avoir un maître de stage, il faut qu’il y ait un médecin…


On imagine bien qu’il y a un aspect politique à avoir des internes qui exercent une année de plus « dans les territoires » à compter de novembre 2026, avant des Présidentielles en avril 2027…

… et à la fin, le 49.3 officialise la 4ème année de médecine à partir de 2023

Le 14 octobre 2022, du 28 octobre au 1er novembre, les 14 et 17 novembre 2022, les étudiants se sont mobilisés contre le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2023 (PLFSS) et son article 23, actant la mise en place de la quatrième année de médecine générale.

Et donc le 2 décembre 2022, « après six motions de censure rejetées et cinq recours à l’article 49.3 par la Première ministre Elisabeth Borne, la quatrième année (dès la rentrée 2023 !) a été officialisée par l’Assemblée nationale » (enfin surtout par le gouvernement).

Pour l’instant, tout reste à construire, puisque la première 4ème année aura lieu en novembre 2026 (pour la promo 2023).

La promotion de 4000 internes de novembre 2026 ne sortira donc pas diplômée et en plein creux démographique, on va « perdre » ces étudiants (sauf à considérer qu’ils seront bel et bien tous thésés, et des docteurs juniors parfaitement autonomes, bossant davantage que s’ils étaient en libéral à leur compte, installés ou remplaçants).

Comme pour la COVID-19, il manque toujours des objectifs clairs, évaluables a posteriori, pour pouvoir déterminer si les actions menées ont atteint les objectifs fixés ou non. On peut adopter une réflexion scientifique avant une telle décision, avec notamment les points suivants :
1 – Quelles nouvelles compétences sont attendues pour les internes ?
–> Gérer sa compta, son cabinet ? Qui va leur enseigner vu que ça n’est pas un sujet à enseigner ?
–> Déléguer comme lors d’un remplacement ? Quelle différence avec un remplacement alors (hormis la validation et « l’obligation » à travailler) ?
2 – Pourquoi 4 ans et pas 5 ou 6 ? Quel est le seuil idéal pour avoir des internes les mieux formés possibles, sans impacter sur leur installation et le service rendu à la population ?
3 – Alors que toutes les enquêtes et études montrent que les internes s’installent avec leur famille, les possibilités de travail pour leur conjoint, d’école pour leurs enfants, etc. pourquoi croire que cette décision changera quelque chose ?
4 – Quels seront les indicateurs qui seront utilisés pour évaluer l’efficacité de cette mesure ?

Sans indicateur, il sera toujours facile de trouver le témoignage de F., 28 ans, qui s’installe dans un village de la Creuse après son stage… et ignorer ceux qui auront été dégoûtés et seront partis à l’hôpital.

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