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Petit retour sur le CMGF2019

La semaine dernière, c’était le congrès de médecine générale de France (#CMGF2019). Petit retour (un peu) égoïste de ce que ça m’a apporté.

Je suis arrivé en retard le premier jour (pour prendre mon train sans pourrir la fin de nuit de ma femme, de garde le soir…).

Je suis aussi arrivé en retard le 2ème jour (parce qu’on n’est pas trop des flèches du matin, avec @DrJohnFa – on s’est couché tard pour aller voir Dumbo, true story). En ratant la première session du vendredi, et alors que des amis allaient à l’escape game où je n’ai pas su trouver de créneau, je me suis retrouvé à déambuler seul entre des stands… J’ai rempli 2 fiches pour participer à des concours (je ne sais plus pour quelles boîtes ^^), en attendant la session de 11h…

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Ces 2 jours (sur 3) de congrès ont (surtout pour moi) été l’occasion d’une IRL géante avec une chouette équipe de Twittos. Isabelle Cibois-Honnorat (@ICH8412), présidente du conseil scientifique, a notamment fait un super discours d’ouverture, qui succédait à un autre, très amusant et inspiré également, du génial Paul Frappé (désormais président du Collège de Médecine Générale). Ces discours sont arrivés… en retard, parce qu’il a fallu attendre la ministre de la santé entre deux.

Ca m’a amusé et surpris… Paul Frappé n’est pas vraiment un inconnu : d’ailleurs, le Pr Agnès Buzyn était présente à ses côtés en 2018 ! ^^

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Autant le discours de Paul Frappé était inspiré, autant celui de la ministre était insipide (désolé…). Il n’y avait aucune réponse aux interrogations soulevées. Le point culminant à mon sens a été le « souvenir du médecin qui a augmenté son activité avec un assistant », comme ces fausses anecdotes qu’inventent les vendeurs d’ebooks sur internet.

Du coup, je me suis demandé qui écrivait de tels discours, qui pouvait être assez déconnecté pour proposer cela au CMGF, et j’ai fait un tour sur le cabinet du ministère de la santé ^^ :

  • Dircab : M. Raymond LE MOIGN (DG Toulouse, déjà présent avec Marisol Touraine)
  • Dircab adjoint, santé : M. Yann BUBIEN (DG Angers, déjà présent avec Roselyne Bachelot)
  • Dircab adjointe, solidarités : Mme Aude MUSCATELLI (administratrice civile, ENA/ENS)
  • Dircab adjointe : Mme Marie DAUDÉ (ENA, Sciences Po)
  • Cheffe de cabinet : Mme Marie ARGOUARCH (ENA, institut d’études politiques)
  • Conseiller budgétaire et finances sociales : M. Laurent HABERT (DG Caisse des Mines, DG ARS Alsace, déjà présent sous Xavier Bertrand)
  • Conseillère : Mme Laëtitia BUFFET (ENA, Sciences Po)
  • Conseiller : M. Grégory EMERY (médecin de santé publique)
  • Conseillère communication : Mme Isabelle JOURDAN (IEP, sciences de l’information et de la communication)
  • Conseillère parlementaire : Mme Margaux BONNEAU (Sciences Po)
  • Conseillère : Mme Valérie MAZEAU-WOYNAR (médecin de santé publique)

Oui, voilà, donc 2 médecins de santé publique sur 11 membres du cabinet de la santé et des solidarités ; aucune autre spécialité représentée (pas même, je ne sais pas, médecin généraliste ?) ; aucun autre professionnel de santé (pas même, je ne sais pas, infirmier ?). Et ça n’est pas une exception, par exemple le ministère de l’agriculture n’a aucun agriculteur… (quoique les profils me semblent un peu plus variés que pour la santé quand même…) Je m’interroge sur qui fait le lien entre le « terrain » de la santé quotidienne et la ministre, avec un tel cabinet :/ (Et si ça n’est pas le cabinet, à quoi sert un cabinet ?) Il ne faut pas s’étonner de passer après un discours ovationné, lire un texte aussi convenu que la place de Jean-Jacques Goldman parmi les personnalités préférées des Français… et ne récolter que des applaudissements respectueux.

Sinon, j’ai découvert (et tweeté) des trucs sympas pendant ce congrès, notamment lors de la session « médecine militaire » (la vie des médecins sous-mariniers par exemple). Voici un résumé de mes quelques threads ; il y en a beaucoup moins qu’au congrès CNGE2018, probablement à cause de mes retards matinaux en fait…

Ce congrès a aussi été l’occasion de 2 présentations. Je m’y suis pris, là aussi, en retard… ^^
J’ai globalement mal préparée la première, sur ma thèse de science, parce que je ne voulais pas en donner une vision déformée : mon « résultat principal » (d’intérêt) à mon sens est la méthodologie employée, les limites et difficultés d’interprétation de telles études… Et cela n’était pas tellement possible en 8 minutes. Cette présentation a été « ambassadée » et fera l’objet d’une communication courte dans Exercer par Sophie Sun (qui m’avait déjà interviewé par téléphone il y a quelques années sur les blogs médicaux pour un mémoire de master, le monde est petit ^^). On verra ce qui en ressort !
Le deuxième présentation était sur #DocsTocToc, et j’ai pu faire ça la veille et le matin dans le train ; c’était simple et ludique, et ça a été apprécié par un véritable fan-club posté dans la salle 😀 (Merci à vous, c’était fun ^^)

Sinon, j’ai aussi été surpris pendant ce congrès par l’engagement de la HAS et de l’ANSM sur le hashtag #MonHariboMonChoix ! Ils sont un peu en retard pour se prononcer sur ce sujet, mais quelle audace en plein congrès !

Enfin, j’ai profité du week-end avec ma Chérie… Et le lundi matin, j’ai appris que parmi les 2 fiches remplies pour des concours le vendredi (à cause du retard post-Dumbo), j’avais gagné un iPad. C’est la suite logique mais très plaisante d’un nombre incalculable de concours perdus pendant 33 ans ! ^^

Comme quoi, parfois, ça a du bon d’être en retard.

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Twitter et #DocTocToc : aussi un sujet de recherche…

Je crois que je viens, sans le vouloir, d’écrire un triptyque.
Il y a 15 jours, je proposais dans un billet pour les néo-internes quelques « outils » utiles, dont la plupart viennent de Twitter (#DragiWebdo qui a fêté son 200ème billet, les sites recensés par Michel Arnould… et Twitter lui-même !). Twitter est apprécié par les médecins (c’est la thèse d’Aurélie Dol dirigée par Matthieu Calafiore qui le dit).
La semaine dernière, je parlais de l’eczéma… et en filigrane la « puissance » de Twitter pour obtenir rapidement plusieurs avis et expériences pour des questions sans réponse univoque. C’est l’occasion parfaite aujourd’hui pour parler de ce hashtag #DocTocToc (ou #DocsTocToc), qui est un sujet intéressant à plein d’égards :

  • au quotidien, il permet à plein de praticiens d’avoir une réponse rapide à des questions de tout ordre (dermatologie, administratif, infectiologie en général…)
  • ces réponses sont souvent multi-professionnelles : généraliste, dermatologue, interniste, pharmacien, infirmier, étudiant…  Cette variété de réponses est même possible pour des gens ayant peu de followers (des Twittos convaincus mais non pratiquants) grâce au robot @DocTocTocBot codé par le Dr Jérôme Pinguet (@MedecineLibre)
  • le mot-clé permet aux professionnels de santé, par la lecture de questions et de réponses, de se former et faire de la veille  (en plus la lecture de questions de confrères permet parfois de lever un « scotome » – c’est-à-dire découvrir des réponses inattendues à des questions qu’on ne se serait même pas posées !)
  • il permet éventuellement à des autres lecteurs (patients, par défaut ^^) de voir un peu les arcanes de nos métiers, et faire passer un peu le message qu’on baigne dans l’incertitude, dans les croyances, dans les données scientifiques éparpillées, etc.,
  • pour les enseignants, ça peut être une source très utile de formation, puisque les questions révèlent des problèmes du quotidien (régulièrement administratif, dermatologique, infectieux…)
  • il constitue in fine un sujet de recherche potentiel et plusieurs thèses ont été menées dessus. Je connais au moins 4 thésards qui ont travaillé dessus : Sophia Serhrouchni (dirigée par Alexandre Marmatel), Adrien Salles (dirigée par Isabelle Cibois-Honnorat), Clotilde Berne (dirigée par Christophe Trivalle) et Jihann Bouarfa (dirigée par moi).

Petits messages clés de ces 4 thèses, qu’on peut retrouver en cherchant tout seul :

  • Concordance diagnostique entre les centres de télédermatologie et les réseaux sociaux utilisés comme outil de télémédecine comparativement aux experts (le lien mène à un résumé publié de communication en congrès) : les médecins utilisant les réseaux sociaux pour des avis sur les photos sont satisfaits (7,6/10), le nombre de bonnes réponses est similaire en télédermatologie et dans les réseaux sociaux (55 % et 60 %) avec une concordance moyenne. Il y a significativement plus de bonnes réponses lorsqu’un dermatologue répond sur les réseaux sociaux. 

  • Analyse du discours médical sur Twitter (le lien mène à un live-tweet de la thèse par @ICH8412) : l’analyse de 12 716 tweets utilisant le hashtag #Doc(s)TocToc entre juin 2012 et mars 2017 montre que 58 % des tweets viennent de médecins généralistes, qui twittent pendant leurs heures de travail ; les questions concernent des sujets variés de gynécologie, neurologie, infectiologie, pédiatrie, cardiologie, dermatologie, administratif

  • Bénéfices et inconvénients de Twitter pour communiquer et s’informer entre médecins généralistes : je n’ai pas d’informations (pas disponible a priori)… [EDIT du 31 octobre] La thèse vient d’être soutenue aujourd’hui et le directeur de thèse (Christophe Trivalle) en a fait un résumé sur Twitter 😉 Les médecins généralistes utilisateurs trouvent que Twitter est intéressant pour… se divertir (90 %), la formation continue (à 87 % !), rompre l’isolement (81 %), échanger sur les pratiques (67 %), prendre un avis sur un patient (à 60 %) et étendre son réseau (52 %). Les inconvénients principaux sont : les violences en ligne (71 %), le temps consacré (pour 61 % vs 39 % encore dans le déni :D), les problèmes éthiques (47 %).
  • #Doctoctoc / #Docstoctoc : Twitter comme outil d’entraide entre médecins (le lien mène au résumé sur le site de thèse) : l’analyse manuelle de 494 tweets entre mars et mai 2017 a montré que 90 % d’entre eux avaient une réponse, dont 13 % avec une source, 33 % avec plusieurs avis convergents.

Voilà voilà… Jérôme Pinguet critiquait dernièrement le fait que ces thèses sur Twitter ne soient pas accessibles. J’ai voulu tester ci-dessus et récupérer les informations… ça n’est pas évident en effet :-/ C’est dommage que l’analyse des données publiques soit privée…

Je mets donc ici à disposition la thèse de Jihann. Cette dernière étude sera présentée au congrès du CNGE sous forme de poster, en novembre 2018… cinq ans après mon premier poster (que j’avais fait très rapidement et n’avais pas pu présenter pour raison familiale) au même congrès, sur le même thème 😉 Je vous parlerai de ce congrès dans un prochain billet ! A mardi !

PS : Hier, j’ai reçu mes 5 bouquins du livre que j’ai écrit au premier semestre 2018 (surtout entre mars et juin pour être honnête). C’est toujours un plaisir certain de voir un projet finir de se concrétiser. Je vous reparlerai du déroulement dans un prochain post également 🙂

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L’eczéma ou le psoriasis du conduit auditif externe (ou la puissance de Twitter)

Petite musique de flashback, couleurs lumineuses, bords flous.

Il y a 12 ans (et 1 mois et quelques jours). Espagne. Je suis en vacances avec mes parents. Il fait chaud. Je profite de la piscine. 5 jours. Mon oreille droite me démange. Je gratte un peu avec un coton-tige. J’ai mal à l’oreille. Je consulte un médecin. Elle me fait des lavages d’oreille avec une solution dont elle seule semble avoir le secret. Elle me dit de revenir 2 ou 3 jours plus tard. Me refait la même chose. Me dit de revenir. Renettoie mon oreille puis, par désespoir, m’injecte une dose intramusculaire de corticoïdes en lombaire. La douleur cède rapidement. Elle me prend 120€ pour l’ensemble des soins. A posteriori, je crois que seuls Transpole et la SNCF m’ont autant arnaqué. Ca n’était pas ma première otite, et j’en ai assez régulièrement en mettant la tête sous l’eau… ça fait un mal de chien. Mais j’avais retenu quelque chose : les corticoïdes, ça marche bien (… à moins que ça ne soit le temps qui passe).

Deuxième petite musique. Le réalisateur se débrouillera pour faire comprendre qu’on flashforwarde dans le flashback mais sans revenir dans le présent. 

Fin 2010. Intenses révisions de DCEM1. Je ressens des démangeaisons à l’intérieur de la même oreille, dans un contexte de poussée d’eczéma qui transforme mes paupières en scrotum de cercopithécidé. Pas le temps de voir un médecin. Il faut bachoter pour ne pas septembrer (même en travaillant un peu toute l’année, la quantité et la précision des informations à délivrer en fin d’année force à ce bachotage). Je repense à l’injection de corticoïdes. Si ça marche en intra-musculaire, quelle puissance ça doit avoir en local ! Les progrès scientifiques se font au prix d’expériences : je vais proposer un nouveau traitement radical de l’otite externe. Je prends mon tube de diprosone pommade, me tapisse le conduit un peu généreusement avec celle-ci et réfléchis à la cravate qui ira bien pour aller chercher mon Nobel. C’est frais et gras dans l’oreille.
Le soir même, j’ai littéralement envie de me cogner la tête dans un mur (les otites – et autres douleurs inflammatoires – font plus mal la nuit, à cause justement de la diminution physiologique du cortisol la nuit). Je révise autant que possible malgré la douleur, passe une nuit quasi blanche à me tourner dans tous les sens dans le lit de mon 9 m2. J’avale un paracétamol mais c’est un peu juste quand même… J’essaie d’appeler ma Chérie pour un peu de consolation : son portable est coupée (après cet épisode, elle le laisse toujours allumé ^^). Après les dernières épreuves le lendemain (génétique et anglais ?), elle me conduit chez un médecin près de chez elle. Il ne comprend pas que le conduit soit à ce point obstrué (*sifflotement*) et me propose un traitement par gouttes et amoxicilline. J’aurais fait pareil à sa place ^^

Troisième musique. On revient dans le présent. Les gens se demandent pourquoi on a raconté tout ça, et ils vont être déçus. Il faut s’attendre à ce que certains quittent la salle avant la fin. Ca fait partie de l’oeuvre. 

Bref, j’ai une expérience personnelle des otites externes et moyennes. Ca fait mal, ça peut rendre une nuit insupportable, ça peut prendre du temps sur les vacances, ça peut probablement rendre un peu fou, et les corticoïdes en local ça peut faire pire que mieux.

 

Donc quand des patients me demandent quoi faire pour leurs démangeaisons d’oreille, je suis un peu gêné. On peut mettre des corticoïdes mais aucun médicament n’a clairement l’AMM (autorisation de mise sur le marché). Ceux qui ont l’AMM sont des associations de corticoïdes ET antibiotiques (classiquement, ANTIBIOSYNALAR, avec polymyxine E et néomycine). Une vieille recommandation d’ORL de 2001 ou 2002 dit de mettre de la déxaméthasone, mais il n’y a pas de médicament pour les oreilles avec… Autant dire que c’est le foutoir.

J’ai donc jeté une bouteille à la Twitt-mer…

Et j’ai obtenu plein de réponses, que j’ai synthétisées ici (un seul traitement à la fois, pas l’ensemble !)

Bétaméthasone 0,05% activité forte lotion ( DIPROSONE )

1 application 1 à 2 fois par jour. Dite « méthode @Jaddo_fr, @Matt_Calafiore »

Bétaméthasone 0,05% activité forte crème ( DIPROSONE )

1 application 1 à 2 fois par jour, en appliquant sur le doigt et/ou avec un coton tige, de façon douce. Dite « méthode @NoSuperDoc, @Matt_Calafiore, @1Generaliste »

Hydrocortisone butyrate 0,1% émulsion ( LOCOID )

1 application 1 à 2 fois par jour, en application sur l’auriculaire. Dite « méthode @phtiriasis »

Dexaméthasone phosphate 1 mg/mL collyre unidose ( DEXAFREE )

1 goutte 4 à 6 fois par jour dans l’oreille. Jeter l’unidose après une utilisation. Dite « méthode @Dr_Agibus » (la dexaméthasone est aussi ce qui était recommandé par les ORL dans un document de 2001, tant pis si c’est un collyre pour les yeux).

Ciprofloxacine + dexaméthasone 3 mg/1 mg/mL instillations auriculaires ( CILOXADEX )

4 gouttes 2 fois par jour dans l’oreille concernée pendant 7 jours. Agiter le flacon avant chaque utilisation. Dite « méthode de l’AMM mais c’est un peu dommage de mettre de la ciprofloxacine pour un eczéma, non ? »

(On a aussi parlé de mayonnaise mais @AzmarSG n’est pas médecin et je doute que ça fonctionne 😀 Le BLOXOTO a également été proposé par @sgb2a, mais il n’y a pas de corticoïdes dedans, donc c’est au mieux pour temporiser).

Dans un prochain billet, on reviendra sur ce #DocTocToc 😉 A mardi prochain !

 

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Un poster pour le #Congrès2013 du CNGE

En fin de post, vous trouverez la version numérique « haute définition » de mon poster, présenté ces deux derniers jours au congrès du CNGE de Clermont-Ferrand. Avant, je souhaite vous raconter son histoire ; ça répondra à la moitié des commentaires…

Tout commence le dimanche 15 septembre. De retour de vacances en Espagne, après 25 heures de route (partagée entre 4 conducteurs), je me suis dit « tiens, et si j’écrivais un article pour le soumettre au congrès national des généralistes enseignants (CNGE), sachant que la deadline est le lendemain à minuit ?! »

Oui, après une longue route, la lumière n’illumine plus tous mes étages…

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