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[FMC] L’amiodarone est parkinsonismogène (ou un truc comme ça)

Le saviez-vous ?

L’amiodarone peut induire des syndromes extra-pyramidaux (tremblements, rigidité des membres – bras et jambes, j’entends – et « peu de mouvements » – mimiques pauvres, difficultés à démarrer la marche, marche à petits pas, etc.)

Là, vous me voyez venir avec l’effet écrit en petit dans la notice par des gens frileux qui s’inventent des histoires, parce qu’ils ont entendu parlé du cas d’un moine bolivien dont la belle-sœur a un voisin qui était sous amiodarone et qui a déclenché une maladie de Parkinson aussitôt.
Eh bien non, les « parkinsonismes » sous amiodarone sont loin d’être rarissimes : dans les monographies française et internationales, ça concernerait 3% des patients sous amiodarone ! (Plutôt 1-2 % dans la littérature, comme nous verrons plus loin)…

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Faut-il pulvériser ou arroser un nez enrhumé ?

(Extrait de mon RSCA n°9, écrit le vingt-trois dessembre de l’an de grâce deux mil quatorze).

Le rhume(1,2)

La rhinopharyngite ou rhume (« rheuma » = le flux marin, l’eau qui coule) est essentiellement due à :

  • rhinovirus (100 sérotypes, immunisation locale courte, 40% des rhumes souvent avec toux),
  • adénovirus (40 sérotypes, immunisation contre le type entérique vers 4 ans, conjonctivite et gastroentérite associées),
  • VRS (bronchiolite avant 2 ans)
  • virus influenza (grippe) ou parainfluenza (laryngotrachéite, bronchiolite…)

La période d’incubation est de 16 heures (fatigue, reniflement, mal de tête) et atteint un pic entre 2 et 4 jours (rhinite, toux). La guérison est spontanée entre 7 à 10 jours, parfois jusqu’à 21 jours (ou, selon la blague médicale classique, en « seulement 3 semaines avec un bon traitement »).

La toux dure en moyenne 18 jours voire plus en cas de toux post-virale (10% des cas chez l’enfant). Elle peut être compliquée d’une surinfection bactérienne (sinusite, pneumonie), d’une exacerbation d’asthme ou de BPCO.

Le rhume n’est pas causé par le froid et la pluie : mettre un pull chaud et bien se couvrir ne sert à rien pour éviter le rhume (parents, si vous nous lisez…) Bien sûr, c’est utile pour éviter de mourir de froid ou perdre des orteils non vascularisés (le froid entraîne une vasoconstriction ou fermeture des petites artères…) Ne mettez pas un nourrisson découvert pendant 3 heures dehors en hiver, surtout si vous vivez sous mes latitudes, parce que ça peut mal se passer. Mais… pour le rhume, ça ne changera rien ! Le rhume est un virus, qui est transmis à cause du confinement causé par le froid (transports en communs, restaurants en intérieur…) ; pour être honnête, il est favorisé par le fait que notre muqueuse nasale soit fragilisée par l’air sec hivernal, mais ça, à part un cache-nez…

Du coup, c’est très rigolo : depuis la nuit des temps (ou presque), les parents disent à leurs enfants de rester au chaud pour ne pas « attraper froid », et c’est finalement ce confinement qui est le plus à même de déclencher des « épidémies » de rhume. Je crois que c’est l’un des plus jolis biais d’interprétation que je connaisse 😉 (d’ailleurs, tous ceux qui courent en T-shirt et short l’hiver vous diront qu’ils ne sont jamais malades… et on leur attribuera volontiers un sacré système immunitaire pour leur « résistance au froid »).

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Lombalgies : faut-il mettre des myorelaxants ?

Les contractures musculaires douloureuses sont le plus souvent des atteintes rachidiennes, dont les lombalgies et lombosciatiques, n’entraînant pas de complications graves mais un handicap fonctionnel plus ou moins marqué, avec une dégradation de la qualité de vie.

Lors de mon stage aux urgences, devant toute lombalgie aiguë, nous prescrivions AINS (topique/pommade ou per os/gélule), paracétamol et myorelaxant. La place des myorelaxants n’est jamais claire, et les molécules utilisées varient selon les séniors : certains préfèrent les benzodiazépines, d’autres le thiocolchicoside, parfois les deux dans un protocole avec thiocolchicoside 1 matin, 1 midi et tétrazapam 50 le soir (car les benzodiazépines endorment…)

Par la suite, en ville, mes prat’ ne prescrivaient quasiment jamais de myorelaxant. Du coup, j’ai vérifié un peu l’intérêt dans une courte et non exhaustive revue de littérature en mars 2013, que je vous mets ici…

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Les gens bien portants…

Un jour, en janvier 2012, un médecin est appelé chez M. Râleur, un patient de 80 ans. Le contact passe bien, il devient son nouveau médecin traitant.

M. Râleur est suivi et traité pour un diabète (insuline LANTUS), une hypertension artérielle (NISIS, ATENOLOL), une incontinence urinaire (OXYBUTININE), des douleurs abdominales (SPASFON, GAVISCON), de l’arthrose, une ostéoporose (DAFALGAN CODEINE, OROCALD3) et une démence avec parfois une certaine agressivité (ARICEPT, TEMESTA). Le nouveau médecin renouvelle le traitement en préparant les prochaines consultations (suivi du diabète, etc.) Il évoque la possibilité d’arrêter l’ARICEPT, puisqu’il lit Prescrire qui le déconseille (troubles cardiaques, faible efficacité), et sait que l’efficacité à 6 mois n’est pas flagrante (« une approche individualisée, en concertation avec la famille et le patient est recommandée, avec évaluation des avantages et des inconvénients des médicaments. La durée d’essai du traitement (…) est de 6 mois », Minerva et méta-analyse de P. Raina).

En juin, M. Râleur va à son rendez-vous programmé chez le Docteur Lewy — un neurologue dont la sensibilité pour la démence à corps de Lewy avoisine les 100%, avec une spécificité à 13% (blagounette pour les amateurs de stats). Le spécialiste remarque que M. Râleur est toujours aussi désorienté, et décide donc d’augmenter les doses d’ARICEPT. C’est là que tout commence…

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Les vitamines : intérêts (ou non), conseils

Ceci est une partie de RSCA… Je mets tout à l’indicatif mais je n’ai pas relu toutes les études sources, trop nombreuses… on va se fier aux revues de littérature !

Conseils à propos des vitamines disponibles en pharmacie officinale(1)

Vitamines : présentation

Il existe 13 vitamines, qui jouent des rôles différents : co-enzymatique (vitamines B), anti-oxydatif (A, C, E — sans effet sur la mortalité…), hormonal (vitamine D).

Les anti-oxydants n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer la mortalité ; la vitamine C n’a pas montré son efficacité pour diminuer les états grippaux hivernaux (sauf chez les marathoniens ou skieurs de fond) ; les vitamines B n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer le risque cardiovasculaire.

La vitamine B9 a bien montré son effet en pré-conceptionnel et pourrait être protecteur pour la maladie d’Alzheimer, certains cancers et pathologies cardiovasculaires ; la vitamine D est efficace pour prévenir l’ostéoporose, et pourrait protéger contre certaines pathologiques (Parkinson, HTA, PR, diabète de type 2, dépression, cancer colique…)

Trois sont partiellement synthétisées par l’organisme : D (peau), PP ou B3 (protéines animales dégradées), K (bactéries intestinales). L’organisme stocke cinq vitamines seulement (A, D, E, B9, B12). Pour les autres (B1, B2, B5, B6, B8, C), l’apport alimentaire doit être renouvelé régulièrement, car elles sont rapidement éliminées dans les urines.

L’intestin absorbe les vitamines (le côlon pour la vitamine K), le rein les élimine (vitamines hydrosolubles). Ces vitamines se retrouvent essentiellement dans les viandes, poissons, œufs (A, D, B1, B2, B3/PP, B5, B6, B12), les produits laitiers (A, D, B1, B2, B5, B6, B8, B12), les céréales dont le pain (B1, B3/PP, B5, B6, B8, B9), les fruits et légumes (A, K, B9, C), les matières grasses (A, D, E). Elles sont sensibles à la chaleur, la lumière, l’oxygène ; les légumes cuits à la vapeur ou avec peu d’eau conservent mieux leurs vitamines(1) (ou la soupe / potage).

Les carences en vitamines, oligoéléments existent et sont partiellement connues dans certaines disciplines (B1, B6, B12 et neurologie ; B9, B12 et hématologie ; Zinc, PP et dermatologie…) ; leur faible prévalence a priori n’en fait pas des diagnostics classiques de médecine générale.

Inversement, les excès en vitamines A, D, E, B6 peuvent être toxiques à hautes doses : neuropathie, troubles digestifs, malformations fœtales (vitamine A), hypercalcémie (vitamine D), cancer de prostate (vitamine E), cancer du poumon (bêta-carotène ou pré-vitamine A), paresthésies, crampes, fatigue (vitamine B6).

A noter que certaines « vitamines » ne sont plus classées comme telles : B4 (adénine), B7 (inositol), B10 (acide paraaminobenzoÏque), B11 (carnitine), B13 (acide orotique), B15 (acide pangamique), B16 (diméthylglycine), B17 (amygdaline), ainsi que la vitamine F (oméga-3).

 

Faut-il dépister des carences vitaminiques en France ?

Non… mais il faut y penser dans certaines situations :

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