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Lombalgies : faut-il mettre des myorelaxants ?

Les contractures musculaires douloureuses sont le plus souvent des atteintes rachidiennes, dont les lombalgies et lombosciatiques, n’entraînant pas de complications graves mais un handicap fonctionnel plus ou moins marqué, avec une dégradation de la qualité de vie.

Lors de mon stage aux urgences, devant toute lombalgie aiguë, nous prescrivions AINS (topique/pommade ou per os/gélule), paracétamol et myorelaxant. La place des myorelaxants n’est jamais claire, et les molécules utilisées varient selon les séniors : certains préfèrent les benzodiazépines, d’autres le thiocolchicoside, parfois les deux dans un protocole avec thiocolchicoside 1 matin, 1 midi et tétrazapam 50 le soir (car les benzodiazépines endorment…)

Par la suite, en ville, mes prat’ ne prescrivaient quasiment jamais de myorelaxant. Du coup, j’ai vérifié un peu l’intérêt dans une courte et non exhaustive revue de littérature en mars 2013, que je vous mets ici…

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Les gens bien portants…

Un jour, en janvier 2012, un médecin est appelé chez M. Râleur, un patient de 80 ans. Le contact passe bien, il devient son nouveau médecin traitant.

M. Râleur est suivi et traité pour un diabète (insuline LANTUS), une hypertension artérielle (NISIS, ATENOLOL), une incontinence urinaire (OXYBUTININE), des douleurs abdominales (SPASFON, GAVISCON), de l’arthrose, une ostéoporose (DAFALGAN CODEINE, OROCALD3) et une démence avec parfois une certaine agressivité (ARICEPT, TEMESTA). Le nouveau médecin renouvelle le traitement en préparant les prochaines consultations (suivi du diabète, etc.) Il évoque la possibilité d’arrêter l’ARICEPT, puisqu’il lit Prescrire qui le déconseille (troubles cardiaques, faible efficacité), et sait que l’efficacité à 6 mois n’est pas flagrante (« une approche individualisée, en concertation avec la famille et le patient est recommandée, avec évaluation des avantages et des inconvénients des médicaments. La durée d’essai du traitement (…) est de 6 mois », Minerva et méta-analyse de P. Raina).

En juin, M. Râleur va à son rendez-vous programmé chez le Docteur Lewy — un neurologue dont la sensibilité pour la démence à corps de Lewy avoisine les 100%, avec une spécificité à 13% (blagounette pour les amateurs de stats). Le spécialiste remarque que M. Râleur est toujours aussi désorienté, et décide donc d’augmenter les doses d’ARICEPT. C’est là que tout commence…

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Les vitamines : intérêts (ou non), conseils

Ceci est une partie de RSCA… Je mets tout à l’indicatif mais je n’ai pas relu toutes les études sources, trop nombreuses… on va se fier aux revues de littérature !

Conseils à propos des vitamines disponibles en pharmacie officinale(1)

Vitamines : présentation

Il existe 13 vitamines, qui jouent des rôles différents : co-enzymatique (vitamines B), anti-oxydatif (A, C, E — sans effet sur la mortalité…), hormonal (vitamine D).

Les anti-oxydants n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer la mortalité ; la vitamine C n’a pas montré son efficacité pour diminuer les états grippaux hivernaux (sauf chez les marathoniens ou skieurs de fond) ; les vitamines B n’ont pas montré leur efficacité pour diminuer le risque cardiovasculaire.

La vitamine B9 a bien montré son effet en pré-conceptionnel et pourrait être protecteur pour la maladie d’Alzheimer, certains cancers et pathologies cardiovasculaires ; la vitamine D est efficace pour prévenir l’ostéoporose, et pourrait protéger contre certaines pathologiques (Parkinson, HTA, PR, diabète de type 2, dépression, cancer colique…)

Trois sont partiellement synthétisées par l’organisme : D (peau), PP ou B3 (protéines animales dégradées), K (bactéries intestinales). L’organisme stocke cinq vitamines seulement (A, D, E, B9, B12). Pour les autres (B1, B2, B5, B6, B8, C), l’apport alimentaire doit être renouvelé régulièrement, car elles sont rapidement éliminées dans les urines.

L’intestin absorbe les vitamines (le côlon pour la vitamine K), le rein les élimine (vitamines hydrosolubles). Ces vitamines se retrouvent essentiellement dans les viandes, poissons, œufs (A, D, B1, B2, B3/PP, B5, B6, B12), les produits laitiers (A, D, B1, B2, B5, B6, B8, B12), les céréales dont le pain (B1, B3/PP, B5, B6, B8, B9), les fruits et légumes (A, K, B9, C), les matières grasses (A, D, E). Elles sont sensibles à la chaleur, la lumière, l’oxygène ; les légumes cuits à la vapeur ou avec peu d’eau conservent mieux leurs vitamines(1) (ou la soupe / potage).

Les carences en vitamines, oligoéléments existent et sont partiellement connues dans certaines disciplines (B1, B6, B12 et neurologie ; B9, B12 et hématologie ; Zinc, PP et dermatologie…) ; leur faible prévalence a priori n’en fait pas des diagnostics classiques de médecine générale.

Inversement, les excès en vitamines A, D, E, B6 peuvent être toxiques à hautes doses : neuropathie, troubles digestifs, malformations fœtales (vitamine A), hypercalcémie (vitamine D), cancer de prostate (vitamine E), cancer du poumon (bêta-carotène ou pré-vitamine A), paresthésies, crampes, fatigue (vitamine B6).

A noter que certaines « vitamines » ne sont plus classées comme telles : B4 (adénine), B7 (inositol), B10 (acide paraaminobenzoÏque), B11 (carnitine), B13 (acide orotique), B15 (acide pangamique), B16 (diméthylglycine), B17 (amygdaline), ainsi que la vitamine F (oméga-3).

 

Faut-il dépister des carences vitaminiques en France ?

Non… mais il faut y penser dans certaines situations :

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Le petit monde de Dom Péridone

Et voilà, c’est le bordel.

Suite aux premiers émois sur le dompéridone l’an dernier, j’avais fait une recherche et parlé dans ces pages des anti-émétiques en médecine générale.

Je concluais que pour une gastro-entérite, le mieux était rien, suivi par le VOGALENE. Je n’avais pas parlé des autres causes de vomissements (mal de transports, maladie de Parkinson, chimiothérapies…), mais comme je le disais alors, les effets indésirables mortels sont exceptionnels et si le MOTILIUM est indiqué (le seul anti-émétique dans la maladie de Parkinson par exemple), il ne faut pas s’en priver. A l’époque, je concluais ainsi : « il me semble raisonnable de contre-indiquer les prokinétiques pour tout patient sous neuroleptique ou présentant un antécédent de QT long ». C’était pas si mal.

Et puis aujourd’hui, patratra, dompéridone revient sur le devant de la scène avec son costume de démon taillé par l’Ange Prescrire dans cet article. Et comme je vous ai dit que j’aime bien les maths, eh bien je vais examiner ce papier et discuter avec vous les phrases du résumé de la première page (vous pourrez lire l’article en entier ou me faire confiance, à vous de voir…)

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Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque…

Ce matin, François Hollande a annoncé le plan cancer 2014-2019 (oui, je linke TF1 LCI, mais je fais ça vite fait).

Dans le programme sont prévus :

  • une augmentation du prix du tabac avec (enfin ?) un reversement des nouvelles taxes pour la recherche anti-cancer
  • une aide téléphonique et financière renforcée à 150 euros par an de gommes, patchs, inhalateurs… (jusqu’à 30 ans, ou si bénéficiaire de la CMU ou en cas de cancer)
  • et une dissuasion à grande échelle avec un nouveau slogan, véritable hommage au nouveau film des Inconnus : « le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout » « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans ».

Soyons clair : la lutte contre le tabagisme, je suis globalement pour (tant que ça ne devient pas non plus un crime), et les mesures proposées sont sûrement des progrès pertinents… mais ce slogan publicitaire, SERIEUSEMENT ?!

Ou plutôt "SRSLY", pour la jouer "in ze mood", contrairement au slogan ci-dessus.

Ou plutôt « SRSLY », pour la jouer « in ze mood », contrairement au slogan ci-dessus.

Qui est le publicitaire qui a pondu « Fumer avant 17 ans, c’est prendre le risque de mourir avant 60 ans »Sans déconner, c’est ça LE gros risque du tabac ? Mourir peut-être avant 60 ans si on commence avant 17 ans ? Ah bah, là, oui, évidemment, ça va être l’angoisse chez tous les jeunes fumeurs de 15 ans qui épargnent pour la retraite et se voient déjà en rocking-chair, m’enfin je suis pas sûr qu’on vise le bon public, là.

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